27 mars 2007

50 ans et plus une dent?

A part peut-être Tommy, le héros autiste de l'opéra rock des Who, tout le monde aura compris que l'Europe fêtait le week-end passé les 50 ans du traité de Rome, son certificat de baptême en quelque sorte.
Et pour l'occasion, on allait voir ce qu'on allait voir, tout le monde allait mettre les petits plats dans les grands pour une teuf diffusée en mondiovision (merci la directive télé numérique) à faire pâlir de jalousie les hots d'or et la cérémonie des oscars réunis.
Et bien, ça n'a pas raté: on a vu. Un spectacle qui sonnait malheureusement comme une splendide allégorie de l'Etat de l'Union. Deux maîtres de cérémonies hésitants, parlant un langage que tout le public ne comprenait pas (français et néerlandais + à l'occasion un sabir qu'on aurait honte de qualifier d'anglais), demandant à de parfaits inconnus aux qualités musicales douteuses ce qu'ils pensent de l'Europe, le tout devant un public divisé en plusieurs catégories. La première, sévèrement controlée - protégée? - par un cordon policier, relativement à l'aise aux premières loges mais complètement isolée du reste. Une cage dorée puisqu'impossible de pénetrer dans cette enceinte avec des boissons, pas de bar dans l'enceinte et pas moyen de la réintégrer une fois qu'on est allé se mêler à la plèbe brassiphage. Ne cherchez pas, c'est un néologisme.
La seconde, la plus nombreuse, se fichant fichant éperduement d'artistes pour la plupart ringards, inconnus ou en play-back intégral, et qui se demandait sans doute ce qu'elle foutait là ou à tout le moins où était la fête populaire qu'on lui avait promis.
Et pour clore la "fête", deux petards mouillés en guise de "grrrrrrand feu d'artifice". Puis Fabienne Vandemeersche pour lancer à la foule: "Rentrez chez vous, la fête est finie!" Toute la délicatesse d'une injonction de police. Un instant, on aurait cru entendre de Donnea.
Et les autres célébrations n'avait pas l'air plus folichonnes. La semaine précédente, les syndicats européens prenaient acte, à Rome, de la naissance d'une nouvelle structure internationale syndicale tout entier tourner vers la situation russe, dans l'indifférence la plus générale.
Rome, où les travailleurs n'auront fait que croiser, probablement à l'aéroport, les délégués au "sommet de la jeunesse", venus s'écouter parler de l'avenir de l'Union - à en juger par le speech de Bettina, ce n'est pas forcément que le niveau eut été mauvais mais qui y avait-il pour entendre la voix des moins de 30 ans?
Pas les principaux chefs d'Etats, en tout cas, qui se réunissaient quant à eux, aux mêmes dates, à Berlin. La communication ne devait pas être meilleure là-bas, au vu de la déclaration plutôt molle de la branche sur laquelle ils se sont entendus: peace and democracy sur toute la ligne. Fascinant.
Bon, je m'arrête là: vous aurez compris que tout ça m'énerve au plus haut point. Je suis un euro-optimiste des plus convaincus. Et c'est bien pour ça que je ne peux qu'enrager de voir le projet le plus ambitieux de l'histoire récente patauger lamentablement. Faute d'ambition, faute de volonté politique, faute d'altruisme, faute du manque pour le moment de tout ce qui donne envie de se vider les trippes au service d'un idéal. Faut que ça change! Et c'est bien parce que je crois à la capacité du politique à changer les choses que je me rends avec le MJS au congrès d'Ecosy qui se tient à Varsovie à partir de demain et jusque dimanche.
Mon organisation y brigue un mandat de Vice-président (au nom du Bénélux) pour les deux ans à venir. On espère bien parvenir à y imposer une vision de gauche de l'Europe, et à créer des coopérations toujours plus fortes avec les uns, des consensus acceptables et fonctionnels avec les autres, pour que demain ECOSY fasse entendre plus fort une voix progressiste à travers toute l'Union - et montrer la voie à cette dernière!

25 mars 2007

Un grand moment de télévision

Quand je vois ça et que j'arrive à m'arrêter de rire, je me dis que le MJS belge devrait s'activer un peu point de vue média... Enjoy!


19 mars 2007

Blogs...

On me disait hier que le rythme de publication sur ce blog évoque irrésistiblement le namurois asmathique ou le grand cycle de la cosmogonie des dogons.
C'est sans doute vrai mais ça vous laisse du temps pour lire d'autres proses. Bon, pas le blog de la FBJS, malheureusement: voila déjà bien un mois et demi que blogger nous l'a purement et simplement perdu! Rapide explication: depuis quelques mois, la splendide plateforme qui accueille ces lignes immortelles (ou pas) encourage vivement les utilisateurs à utiliser la version bêta - version devenue définitive depuis. Encourage même tellement qu'un beau jour de janvier, boum, plus moyen pour les djeuns socialiss' de Bruxelles de se connecter sans passer à la nouvelle version: on est progressiste ou on ne l'est pas.
Donc, on transfère... et voila-t-il pas que, oui, on peut se connecter. Mais non, pas moyen de poster. Pas moyen d'accèder à aucune fonctionnalité, d'ailleurs, vu que le blog n'est pas repris sous le profil.
Comme ça vous savez pourquoi Aurore ne vous enchante plus du compte rendu de nos cogitations ni de celui de nos orgies - lisez activités sociales - sur Ensemble.
Par contre, ces longues heures de désoeuvrement peuvent être mises à profit en vous ruant sur le nouveau blog de Rémi, Un nouvel R, où il raconte l'émerveillement de s'appeler désormais Rrémi, disserte sur les créations d'Elvis Pompillio (le fameux chapelier fou d'Alice au Pays des Merveilles), découvre les joies de l'ambidextrie pour ses concitoyens, tout ça pour rompre l'ennui d'écrire un blog international.
En tout cas, c'est ce que j'ai compris de son post de présentation - mais, déjà, toute la presse en parle.

16 mars 2007

Non à la guerre, Non à l'occupation


Organisée par le CNAPD et un collectif d'organisations signataires - dont le MJS, 4ème manifestation contre la guerre et l'occupation en Irak et pour la paix au Moyen-Orient.

Rendez-vous Gare du Nord, ce dimanche à 14h.

Attention, pour une fois le trajet n'est pas le traditionnel parcours Nord-Midi mais bien un déplacement vers l'ambassade américaine, Boulevard du Régent.

Venez nombreux: les drapeaux du MJS ne seront pas trop difficiles à trouver!

14 mars 2007

On ferme!

Et voila, cette fois c'est fini et bien fini. Le Tagawa est tout à fait fermé après une dernière belle fête dans la nuit de samedi à dimanche passés.
Concerts, pintes, pleins de gens et aromes divers, rien ne manque.
Vers 4h du matin, les moustaches exigent et obtiennent la fin des concerts. On sent la tension monter. Les bobos rentrent chez eux et j'ai un peu honte de les suivre, ne sachant pas très bien comment les choses vont tourner. Je préfererais rester "au cas où...". Finalement, un ami m'entraine et j'abandonne la fresque intitulée "fuite" qui orne l'entrée depuis, quoi? deux semaines? deux mois? deux ans? Triste fin pour une occupation.
En passant la porte, un des organisateurs parle à son balai en nettoyant le trottoir sous l'oeil sévère d'une dizaine de pandores... "trentième plainte des voisins - les gens deviennent cons quand ils sont dehors".
Ceux qui sont dehors? les fêtards évidemment. Mais les occupants? Des solutions de relogement ont été trouvée pour la plupart des habitants mais il en reste 8 sur le carreau d'après ce que m'a dit un des types qui tenait le bar. Et un projet emblématique d'une forme de résistance à la capitalisation du logement met la clé sous la porte.

24 février 2007

Maladie infantile...



"Le gauchisme, maladie infantile du socialisme" disait Lénine. Voila mon amour des citations faciles satisfait. Et le tien aussi, lectorat chéri, inutile de nier.

Je ne sais pas si ce type de maladie infantile là était efficace à l'époque mais, ce qui est certain, c'est qu'être atteint des oreillons vous donnent une excuse en or pour aller jouer les tanguy chez vos parents.

L'occasion, quand j'émerge de mes délires fiévreux ou de mes shoots au dafalgan(r), d'enrager en voyant un XV anglais en prendre plein la figure contre les irlandais - sauf un début de deuxième mi-temps prometteur, dommage qu'il ne se soit pas confirmé. Ou de tomber à la renverse (façon de parler, je reste au fond du pieu) devant la performance de Renée Flemming dans le rôle de Tatiana, dans l'Eugène Oneguine de Tchaikovski enregistré au Metropolitan Opera de New York, que diffusait ce soir Arte.

Après avoir assisté à deux conseils communaux ixellois, je suis de plus en plus convaincu de l'utilité d'une autre plateforme pour parler des réalités locales. Bientôt la naissance du Mercure Ixellois - mais faudra trouver le temps pour l'alimenter...

Il parait que les célibataires vivent moins vieux. Ca ne m'étonne pas: on n'imagine pas à quel point il faut se mettre un coup de pied au derrière pour aller voir un médecin quand il n'y a personne pour vous emm... avec votre santé. Comme si on avait le temps d'être malade, sans blague.

J'ai trois mois de retard sur ma visite annuelle chez le dentiste. Vais me reprendre un dafalgan, sur cette pensée d'une profondeur abyssale.

My tailor is rich.



J'ai beau me dire que j'ai un niveau d'anglais à peu près acceptable, il y a en tout cas deux domaines dans lesquels je sais être parfaitement illettré: la médecine et la botanique.

Heureusement, je ne recule devant aucune expérience nouvelle pour élargir mon vocabulaire. Et hier, le bon docteur Steveny (prenez ça pour de la publicité gratuite si vous voulez, son cabinet est à l'angle de l'avenue des grenadiers et de l'avenue Guillaume Gilbert) m'a diagnostiqué... les oreillons. Donc, joignons l'utile au désagréable: oreillons, ça se dit "mumps".

Mais encore?

"Les oreillons sont une maladie infectieuse virale très contagieuse, touchant le plus souvent les enfants de 4-5 ans, surtout en période hivernale. Cette maladie est due à un paramyxovirus.
La transmission de l’infection se fait par la salive." Et plus loin: "La période d’incubation (entre la contamination et les premiers symptômes) dure environ 3 semaines"

Bon, les premiers symptomes sont apparus avec force hier. Et la transmission se fait essentiellement par la salive. J'aimerais pouvoir mettre ça tranquillement sur le dos de mon adorable petit cousin Ethan, mais ma soeur m'assure que la seule chose dont on puisse l'accuser pour le moment, c'est d'être un vecteur de la scarlatine. La liste des suspects n'en est que d'autant plus courte.

"L’infection donne une immunité solide : on ne fait la maladie qu’une seule fois dans sa vie." Alors, là, je suis catégorique, c'est de la vaste blague. C'est écrit en toutes lettres dans mon carnet médical: les oreillons, c'est bon, j'ai déjà donné. N'empêche que j'ai tout de même droit à une tête de hamster et, ce qui est moins spectaculaire mais plus sournois, à un risque d'orchite (in english: orchite).

21 février 2007

Réveil difficile.


Cela fait des années que j'ai pris l'habitude de me réveiller avec les excellentes interviews radiophoniques de Matin première sur la radio du même nom, qui se décomposent en une interview classique et des questions d'auditeurs, encadrées par le/la journaliste. D'un matin sur l'autre, les bonnes surprises succèdent aux mauvaises et réciproquement. Mais ce matin, j'ai vraiment eu du mal à en croire mes oreilles.
Donc, l'invité du jour était le patron de la "Confédération Construction", histoire de célébrer l'ouverture de l'incontournable salon Batibouw. Et pendant dix minutes, il aura fallu entendre ce monsieur nous expliquer sans rire qu'il faut ramener l'obligation scolaire à 16 ans pour amener cette chair à profit sous la coupe des entreprises, laisser l'industrie s'installer aux commandes de l'éducation publique en matière techniques et professionelles, coupler plus sévèrement les indemnités de chômage à la recherche d'un emploi.
Puis le voici qui abonde dans le sens des questions du public: "Est-ce qu'il ne faudrait pas diminuer les charges sociales et limiter les dépenses de l'état pour favoriser l'économie?" Mais si, bien sûr, pensez-donc, on n'est pas dans la mouise avec ce vialin état qui utilise notre bel argent pour faire tourner des écoles, des routes et une police pour protéger notre propriété privée.
"Et vous trouvez normal les prix élevés qui permettent des marges bénéficiaires indécentes?" Ah! là, il abonde déjà beaucoup moins le monsieur construction. D'ailleurs, il réagit sur les coûts élevés à cause du vilain état qui (retour aux lignes précédentes). Et ne répond pas à la question sur les marges. Enfin, si on veut vraiment qu'il dise quelque chose: ça lui parait très exagéré, cette histoire de marges bénéficiaires. PAs une question sur l'emploi au noir, la situation de la main d'oeuvre immigrée, les clauses sociales dans les marchés, etc. Circulez, y a rien à voir.
Pendant ce temps-là, une sympathique publication électronique, la belgique déchiffrée en 6 minutes, continue de nous tenir au courant de ce qui se passe dans le monde merveilleux des statistiques. Sa dernière livraison nous fait part d'un classement qui doit être parmi les dernières choses à provoquer des érections en chaîne à la fondation Hayek: l'indice de liberté économique de l'Heritage Foundation.
Un truc à tomber raide. Le principe est simple, 10 "libertés" sont cotées - liberté d'entreprendre, de commerce, fiscale, par rapport au gouvernement, monétaire, d'investissement, financière, au niveau de la propriété privée, du travail et protection contre la corruption - et tout ça permet de déterminer à quel point le renard est libre dans le poulailler. Pardon, je voulais dire: à quel point les conditions sont réunies pour que tout soit pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Je m'empresse donc de signifier à nos amis de la droite libérale et/ou ultra que la Belgique est classée 17ème sur 157. Et qu'une part importante des pays européens sont en classés "mostly free".
Le Soir d'hier annonçait quant à lui que 16% de la population belge était menacé de pauvreté. Surement parcequ'on a pas encore atteint le niveau de liberté économique de Hong Kong ou de Singapour...
Et comme tout est dans tout, voila que je crois comprendre que d'aucuns pennés se trouvent plus de points communs avec un calottin qu'avec un fossile... Vraiment difficile le réveil aujourd'hui...

19 février 2007

Enorme...

C'est tellement énorme que j'ai quand même hésité avant de le publier, mais cet article, tiré du courrier international ne manque pas de m'inquiéter...

VU DU MONDE ARABE • Ségolène, tigresse impudique
Un regard conservateur et misogyne sur l'élection présidentielle en France, publié dans Asharq Al-Awsat, un quotidien panarabe de Londres qui se veut pourtant libéral.

La France est un pays important pour les Arabes, notamment parce que sa politique proarabe peut entraîner ses partenaires de l'Union européenne. Le président Jacques Chirac est considéré comme le maestro de la politique internationale. Il lui reste un mois pour décider s'il veut se représenter ou non pour un nouveau mandat. Il a contre lui son âge (74 ans) et les sondages, mais il faut bien admettre que son départ de l'Elysée sera une lourde perte pour les Arabes. Car, depuis Napoléon, la France n'a pas eu de chef d'Etat qui se préoccupe autant que lui des questions arabes, se montre aussi sensible à leurs souffrances et fasse preuve d'autant de compréhension pour leurs causes, au point qu'on peut le qualifier non seulement d'ami des Arabes, mais également de conseiller de leurs dirigeants. On n'aurait pu en dire autant même de Charles de Gaulle, qui avait été moins irréprochable avant l'éveil de sa conscience arabe, au moment de la défaite contre Israël en 1967.
Cherchez donc l'Arabe dans Ségolène ou Sarkozy ! Vous ne trouverez rien. Tous deux ont visité Israël, aucun des deux n'a visité une des capitales arabes qui comptent sur la scène moyen-orientale, telles que Riyad ou Le Caire. Il faut dire qu'en Europe on ne s'intéresse pas beaucoup à la politique étrangère. Le débat public tourne autour des questions fiscales. Les électeurs se préoccupent de leur portefeuille, des problèmes économiques, de l'inflation, du prix des logements et de leur bien-être. Aucun des deux principaux candidats ne se rend compte que les Arabes constituent une source considérable de puissance et d'influence pour la France en Europe et dans le monde.
A la limite, les Arabes pourraient recevoir Sarkozy. Mais ils seraient bien embarrassés de recevoir Ségolène. Déjà, ils ont reçu Condoleezza Rice sans savoir si elle était vierge. Mais Ségolène, qui est la compagne du chef de son parti, François Hollande, a carrément mis au monde quatre enfants hors mariage. Les Arabes pourraient-ils accepter une femme comme présidente ? En Egypte, un mufti a jugé licite qu'une femme devienne présidente, et les musulmans du Pakistan, du Bangladesh, d'Indonésie et de Turquie ont porté des femmes au pouvoir.
Mais les Arabes ne semblent pas vraiment disposés à accepter cette éventualité. A une époque où les valeurs religieuses de pudeur sont de nouveau d'actualité, il sera tout de même difficile de recevoir une femme qui est mère sans être mariée. La famille est la base de la société musulmane, et le mariage en est une institution sacrée. Tel n'est pas le cas chez les Français puisque à Paris la moitié des habitants vivent seuls, qu'ils soient célibataires ou divorcés. Et la proportion d'enfants nés hors mariage atteint des niveaux invraisemblables pour une société catholique.
Le chef du Parti socialiste est à la fois le point fort et le point faible de Ségolène. Hollande est un homme politique aguerri, cultivé, pondéré. Il aime sa compagne au point d'avoir sacrifié ses propres chances de parvenir à la présidence. Moi, à sa place, je n'en aurais pas fait autant. Les femmes de pouvoir me font peur. Ce sont toutes des tigresses qui essaient de vous faire oublier leurs griffes. La Turque Tansu Ciller a participé à la corruption de la vie politique turque, l'Indienne Indira Gandhi a suspendu temporairement la démocratie indienne et a émasculé des hommes afin de limiter la démographie de son pays. Quant à l'Américaine Hillary Clinton, elle veut dicter leur vote aux femmes blanches afin d'empêcher un homme noir d'arriver à la Maison-Blanche.
Depuis la fin des différences idéologiques entre la gauche et la droite, rien ne les distingue plus au niveau politique. Ségolène et Sarkozy parlent grosso mode le même langage, et la seule différence est que l'une est une jolie femme, l'autre un homme sérieux. Les Français passent plus de temps à fumer qu'à travailler, aiment discuter de la nécessité des réformes sans jamais les réaliser et se mettent en grève dès que l'Etat touche à leurs acquis syndicaux. Alors que la France avait connu la prospérité dans les années 1950 et 1960, elle ploie aujourd'hui sous les impôts, les restrictions aux lois du marché, une Sécurité sociale qui épuise les caisses de l'Etat et un taux de chômage élevé. Pour arriver à la présidence française, il faut faire un parcours long et difficile puisqu'il n'y a ni héritage ni transmission.

Ghassan Al-Imam, Asharq Al-Awsat, Londres

15 février 2007

6 février : journée mondiale contre les mutilations génitales féminines.

Vu le sujet, vous ne m'en voudrez pas de ne pas illustrer ce post, ce sur quoi j'ai mis la main est vraiment très gore.
Le calendrier regorge de journées de mobilisation contre (ou pour) tel ou tel thème. A la limite, il y plus de jours à marquer d'une pierre rouge dans le calendrier militant que de saints au calendrier des postes. Pourtant, un mail récent m'a fait remarquer que j'ai raté la journée de lutte contre l'excision - 6 février, lisez le titre, bande de comiques. Comme je ne vois pas de raison de ne plus en parler parce que le jour est passé, je m'empresse de me rattraper.
Lecteur curieux mais mal informé, tu te demandes sans doute "il en fait des tonnes, mais c'est quoi l'excision, finalement?". Excellente question, je te remercie de l'avoir posée.
Donc, l'excision, c'est simple, c'est l'ablation du clitoris et d'une partie des petites lèvres, une coutume très pratiquée en afrique sub-saharienne. Ca a son petit coté "Lao Tseu a dit: il faut trouver la voie. C'est très simple, il suffit de vous couper la tête". Comme un parfum de Radjadjaï...
Et ce sont, par an, pas moins de 3 millions de gamines de 4 à 12 ans qui sont visées par cette joyeuseté. Une toutes les 15 secondes. Au total, quelques 130 millions de femmes auraient été mutilées de cette manière. Et je vous épargne les conséquences en termes de santé, tant sur le coup que pour celles qui survivent à "l'opération".
Le protocole de Maputo, signé par 15 pays africains, appelle à la condamnation légale de cette pratique d'un autre âge - encore en vigueur dans pas moins de 28 pays, et parfois chez nous!
Ratifier un protocole, c'est très bien, encore faut-il l'appliquer. Et c'est là que vous pouvez faire quelque chose. Les pays européens, dans leur rapports bi-ou multilatéraux avec les pays concernés, doivent mettre la pression pour que le droit des femmes à disposer de leur corps soit réellement appliqué.
Vous me voyez venir?
Gagné!
L'ASBL Respect everyone, everywhere (ok, c'est pas le nom le plus percutant qu'il soit possible d'imaginer pour une ASBL) a lancé une pétition en ligne qui va dans ce sens. Vous pouvez la signer en français ici. The website is still under construction but should be running in English as well soon.

14 février 2007

La vie en bleu...


Aujourd'hui, impossible d'y couper, c'est la Saint-Valentin. Puisqu'il est de bon ton de verser dans le sentimentalisme dégoulinant en ce jour précis, j'y vais aussi de ma déclaration: libéraux bruxellois, vous êtes merveilleux. Surout ne touchez à rien. Restez pile poil comme vous êtes.
Non, c'est vrai: on a du mal d'arrêter de rigoler avec un navet libertarien comme Destexhe et je vous ai déjà parlé de mon ultra-libéral local ixellois, Olivier de Clippelle. Inutile de revenir sur Jacques "la loi à l'ouest de la gare du midi" Simonet. Par contre, la dernière trouvaille du quatrième Dalton vaut la peine qu'on ponde deux lignes dessus.
Vincent Dewolf, ci-devant bourgmestre d'Etterbeek, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a donc eu une idée géniale. Partant du principe bien établi "on n'est heureux que dans la propriété privée", il a décidé de s'attaquer à la problématique du logement. Attention: Vincent, le logement, il connait. Il siègeait comme député régional dans la commission du même nom lors du vote sur le Code Bruxellois du Logement. Il a d'ailleurs eu l'occasion d'y expliquer que le logement social, à Bruxelles, c'est un foyer insurrectionnel. L'idée de voir le drapeau rouge flotter sur le siège du Foyer Etterbeekois est plaisante mais ne nous laissons pas distraire.
Donc, monsieur le Bourgmestre prend le logement à bras le corps. Et voila le coup de génie: qu'est-ce qui coûte cher dans l'achat d'un logement à Bruxelles? Le terrain pardi! Qui dit plus de terrain, dit plus de logements trop cher. Enfantin.
Par ailleurs les communes sont jalouses de leur patrimoine foncier, ce qui est bien légitime.
L'équation est fort simple. La commune cède un droit de superficie sur certaines de ses propriétés pour un temps déterminé et "vend" les logements qui se trouvent dessus. Le même système qu'à Londres. "Interessant pour les plus jeunes qui ne paient pas un loyer à fond perdu autant que pour les personnes plus âgées qui s'offrent une sécurité d'existence." Et au terme du droit de superficie? La commune récupère le tout.
Là, franchement, je dois dire: chapeau bas, M. Dewolf. Plus fort que Pierre Bellemarre! Si je traduis bien le système, plutôt que d'investir dans "un loyer à fond perdu", les plus jeunes ont la possibilité de s'endetter auprès de leur organisme banquaire pour acheter... du vent. Enfin, plus exactement, pour louer sur une période équivalente à la durée du droit de superficie, des briques et du mortier. En soi, ce n'est déjà pas mal comme manoeuvre. Mais il faut ajouter à cela que rien n'empêche de "vendre" une deuxième fois le même bien lorsque celui-ci revient entre ses mains.
Et ce n'est pas tout! Evidemment, ça permet de faire discrètement sortir du parc de logements publics une série de biens appartenant à la Régie Foncière communale. Toujours autant de risque en moins de voir un de ces salauds de pauvre s'installer dedans! Et comme on peut raisonnablement espérer que quelqu'un qui vit dans l'illusion de la propriété (enfin, illusion, sauf en terme de responsabilités, bien sûr) entretiendra jalousement "son" bien, même pas besoin de se casser la tête à entretenir un service technique public responsable de garantir le maintien en l'état.
Tout ça est beau comme Adam Smith. Quand je pense qu'il ya encore de villains rouges rétrogrades pour s'opposer à de tels progrès sociaux. Quel scandale! A mort!

13 février 2007

Magical Mystery Smet / Stib

Je crois que Pascal Smet est devenu fou. Ou alors au moins qu'il fait le fou. Ce n'est pas encore très clair.
En tout cas, pas moyen d'échapper à sa dernière campagne de pub, qui fleurit dans les couloirs du métro bruxellois comme le coquelicot sur la plaine de l'Yser. Au départ, une évidence: les transports en commun, c'est bien, mais si ça allait plus vite, ce serait tout de même mieux. Et qu'est ce qui fait que ça va pas aussi vite que Pascal le voudrait? Pas le manque de site propre bien sur: c'est la file à l'entrée des bus! Et pourquoi qu'il y a des files? Parcequ'il faut rendre la monnaie à tous ces ploucs qui ne savent même pas se payer un abonnement à l'année, bien entendu!
Donc, voila l'idée de génie: maintenant, si vous achetez votre billet dans le bus, c'est 2€. Parce que ça va évidemment plus vite de rendre la monnaie sur deux euros que sur un euro cinquante, évidemment. Ca crève les yeux, tout le monde sait ça. Supprimer l'entrée par l'avant ou rendre les transports en commun gratuits, ça ne risque certainement pas d'influencer sur la fréquentation ou sur la vitesse commerciale. Mais augmenter le tarif pour le type qui doit déjà prendre le bus pour se rendre à un point de pré-vente de billet, ça c'est balèze!
Bon, Pascal, sans rire, c'est tout ce que tu as trouvé pour nous faire gober une nouvelle augmentation des tarifs sur ton réseau? Tu te moquerais pas un peu de nous par hasard? Tu te souviens vaguement de ce que veut dire le S dans SP.A?
Et qu'est-ce qu'on apprend? Le retour de la chasse aux musicos qui font la manche dans les rames, sous prétexte qu'ils sont bruyants et que le métro est sale! Ca ne vous rappelle rien, non? Allez, Pascal, reviens sur terre, je préférais quand tu t'occupais de piscines à ciel ouvert...

12 février 2007

La Femme et le Socialisme

Durant cette Université d'Hiver, un workshop sur le féminisme m'a amener à me poser la question "dans le fond, une société socialiste serait-elle moins patriarcale? L'essentiel du modèle reste écrit du point de vue de l'homme blanc et la question de l'égalité des genres dans le nouveau système de production n'est pas vraiment abordé".
Comme on en apprend tous les jours et que je m'en voudrais de ne pas vous inviter à vous améliorer en même temps que moi, je vous propose la lecture de ce texte de August Bebel, fondateur du SPD: La Femme et le Socialisme.
Si ce n'est pas le premier post que vous lisez sur ce blog, vous aurez vite compris que je n'adhère pas aux violentes attaques de Lafargue contre Proudhon dans son avant-propos. Quant au reste, je vous en dirai plus quand je l'aurai fini (200 pages en pdf, c'est sympa mais c'est pas super pratique à lire). J'attends encore une fois vos appréciations.

Winter University - 2ème édition

Pour la deuxième année consécutive, le MJS accueillait, au Parlement Européen, l'Université d'Hiver d'Ecosy.
Au menu de cette deuxième édition, une évaluation à mi-mandat du travail du groupe parlementaire socialiste et le dépot d'une série de revendications en vue des prochaines élections européennes.
Un groupe d'une trentaine de JS, des militants pour la plupart aguerris, venus de -presque- tous les horizons de l'Union ont débattus avec des parlementaires, des syndicalistes et des ONG pendant toute la semaine. Et bien, si la cohérence idéologique de notre structure commune n'est toujours pas pour demain, je suis heureux de dire que chacun des participants, de gauche ou beaucoup moins, avait à coeur de défendre son point de vue, de participer constructivement et d'essayer de convaincre. Une attitude plutot raffraichissante si on prend le risque de la comparer à certains débats avec le Présidium d'Ecosy...
Martin Schultz, président du groupe PSE, a cloturé la session par une intervention sur son engagement anti-fasciste et sur l'importance cruciale de la lutte contre l'extrême-droite en Europe. Et de nous lister les pays où les fachos reviennent en force... tout en évitant soigneusement de mentionner la Slovaquie. Déception quand il en vient à dire que "l'urgence elle est là, plus que dans un traité social".
Parce que pour ma part, je vois mal comment lutter efficacement contre les fachos si on refuse de voir les causes du fascisme et la détresse sociale dont il est l'expression.
A coté de ça, aussi longtemps que les socio-démocrartes ne parviendront pas à assumer une identité de gauche, et même de gauche radicale, on est pas près de répondre sérieusement à cette urgence.
Un grand merci, en tout cas, aux permanents du MJS, à la FBJS et aux étudiants socialistes de l'ULB pour leur engagement et leur participation: rien de ce qui a été fait cette semaine ne l'aurait été sans votre militantisme!
La déclaration finale de l'Université d'Hiver se trouve ici et des photos .

Oui!


Ce week end, 44% de la population portugaise s'est rendue aux urnes pour décider du statut de l'avortement dans ce pays.

60% des votants se sont exprimés en faveur d'une légalisation: enfin!

Félicitations à nos camarades de la JS portugaise, qui ont pour ainsi dire initié ce nouveau référendum 9 ans après l'échec de la dernière consultation, et qui ont joué un rôle de premier plan dans la campagne et dans ce succès.

22 janvier 2007

en regardant le 12 minutes de la RTBF...


Dans un moment de désoeuvrement, je me suis livré hier soir à un exercice plutôt rare. Une petite séance de zapping. Il faut dire que je n'ai pas la télédistribution et ne capte que deux chaines, donc c'est quelque chose qui va assez vite.
Sur la Une, une émission hommage à Salvatore Adamo. Zap. Sur la Deux, un journaliste que je ne connais pas présente le "12 minutes". L'essentiel de l'info du jour en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Fin du zapping, début de la réflexion.
Donc, premier enseignement: l'essentiel de l'info, c'est notamment le résultat du Standard (3-1 contre Lokeren et la 3ème place du championnat. Tout le monde s'en fout, sauf Tome). Mais ce n'est pas le résultat des ultra-nationalistes Serbes au cours des législatives tenues ce week-end. Pourtant, après les résultats en Pologne, en France, au Royaume-Uni, en Slovaquie et chez nous, on pourrait s'offrir le luxe d'un reportage sur cette nouvelle poussée fascisante. Soit.
Autre réflexion, un reportage sur le Darfour se terminait sur ce commentaire: "seulement il y a cette foutue (sic) rebellion qui veut sa part [des revenus pétroliers]". Ne comptez pas sur moi pour reprocher à la RTBF un quelconque manque d'objectivité. Au contraire, en tant qu'historien, l'objectivité, je n'y crois pas. La presse, quelle qu'elle soit, ne donnera jamais qu'un témoignage orienté. Tant qu'à faire, autant qu'il le soit clairement.
Mais par contre, je regrette que le reportage en question ne donne pas les éléments pour se faire une opinion propre sur l'avis du journaliste. Pour ou contre les rebelles, pour ou contre le Gouvernement, je ne me suis pas fait de religion sur la question. Enfin bon, fallait tout traiter en 12 minutes, et le Standard n'attend pas.

19 janvier 2007

Silence, on tue!


Je devais encore vous parler de l'extrrême droite au Parlement Européen, de la blogosphère belge de gauche en sortant de l'ascenseur et de l'incitation à la fraude fiscale lancée par la dernière ministre Ecolo du pays. Sans compter mes dernières acquisitions en matière de bande dessinée ou la date des prochaines législatives. Mais ce sera pour une autre fois: à chaque jour suffit son urgence!

Et l'urgence du jour est urgente depuis février 2003. Comme le rappelle, pour rapide introduction, deux articles du Monde Diplomatique, on en était déjà en juin 2006 à plus de 4 millions de personnes déplacées hors de cette région du Soudan, dans un conflit qui a longtemps menacé de s'internationaliser - avant de prendre toutes les allures du génocide pur et simple. Et, comme à l'accoutumée, la communauté internationale a réagi avec toute la détermination d'un banc de moules asthmatiques: tardive résolution de l'ONU, tergiversations sans fin autour du déploiement de casques bleus, etc.

Ce dimanche 21 janvier, veille d'une réunion des ministres européens des affaires étrangères, plusieurs personnalités politiques, dont les camarades Pierre Galand et Jean Cornil, appellent à manifester pour réclamer une intervention claire de l'Europe dans ce dossier.

Le MJS soutient la démarche et vous fixe rendez-vous dimanche 21, à 11h, au rond-point Schuman. Venez nombreux faire entendre votre voix!

18 janvier 2007

Fin de course pour le Tagawa...


Après un post destiné à l'édification de votre culture socialiste, revenons à quelque chose de bien ancré dans le réel.
Je vous ai déjà parlé du Tagawa, hotel bien connu des bruxellois pour avoir été occupé par des "mal-logés" (késako?? politiquement correct, pouah!), organisés dans l'ASBL 321 logements.
En dépit de la convention précaire qui les lient au propriétaire, les occupants avaient été priés de "déguerpir sans délais": voila qui a été confirmé par la justice, qui condamne en plus le collectif à verser quelques 18.600 euros au propriétaire - qu'on ne qualifierait pas spontanément de nécessiteux, mais c'est un autre problème.
Au niveau des portes de sortie, l'horizon n'est pas radieux. Le Foyer Ixellois s'est mis tout seul sur la touche en prenant pour ligne de n'accorder aucune dérogation au régime d'attribution de logements. Quant au CPAS de Bruxelles-Ville, il refuse d'envisager une soltion collective. Le salut ne viendra pour les plus chanceux que d'un examen de dossier individuel.
Une attitude qui est de plus en plus celle des pouvoirs publics face aux individus dans une situation précaire: ce n'est pas sans rappeler la ligne de Dewaele face aux sans papiers.
En attendant, 35 personnes vont se retrouver à la rue en plein milieu de l'hiver. Un immeuble jusque là maintenu en état grâce aux investissements réalisés par le collectif va de nouveau se retrouver à l'abandon et ira grossir la cohorte des logements vides de la Région, sans que les autorités ne s'en émeuvent suffisamment que pour prendre des mesures radicales.
Pour ceux qui se posaient encore la question, c'est maintenant officiel: le droit au logement, c'est du vent. Le seul droit qui compte, c'est celui à la propriété privée.
Vivement une révision de la Constitution en faveur du droit à UN logement!

11 janvier 2007

Einstein: Pourquoi le Socialisme



On va m'accuser de faiblesse et de recyclage à bon marché. Ou alors les esprits grincheux et un peu flemmards vont dire "non seulement il ne produit pas lui même, mais en plus il copie/colle des textes longs comme le bras pas du tout adaptés au format blog". Et je serais bien en peine de donner tord à qui que ce soit.

En attendant, c'est un texte fameux qu'il ne fait pas de mal de relire de temps à autre même si on ne le trouve pas partout non plus. Donc, paf, en avant, c'est parti. Bonne lecture et j'espère des commentaires (on peut rêver).

Albert Einstein, Pourquoi le socialisme ? , Conceptions scientifiques, morales et sociales, Bibliothèque de philosophie scientifique, Flammarion, Paris, 1952, pp. 125-132.


Pourquoi le socialisme ?


Est-il convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme ? Pour de multiples raisons je crois que oui.


Considérons d’abord la question au point de vue de la connaissance scientifique. Il pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre, l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grands États dans l’histoire doivent leur existence aux conquêtes. Les peuples conquérants se sont établis, légalement et économiquement, comme classe privilégiée du pays conquis. Ils se sont attribués le monopole de la terre et ont créé un corps de prêtres choisis dans leur propre rang. Les prêtres, qui contrôlèrent l’éducation, érigèrent la division de la société en classes en une institution permanente et créèrent un système de valeurs par lequel le peuple fut dès lors, en grande partie inconsciemment, guidé dans son comportement social.


Mais la tradition historique date pour ainsi dire d’hier ; nulle part nous n’avons dépassé ce que Thorstein Veblen appelait " la phase de rapine " du développement humain. Les faits économiques qu’on peut observer appartiennent à cette phase et les lois que nous pouvons en déduire ne sont pas applicables à d’autres phases. Puisque le but réel du socialisme est de dépasser la phase de rapine du développement humain et d’aller en avant, la science économique dans son état actuel peut projeter peu de lumière sur la société socialiste de l’avenir.
En second lieu, le socialisme est orienté vers un but éthico-social. Mais la science ne peut pas créer des buts, encore moins peut-elle les faire pénétrer dans les êtres humains ; la science peut tout au plus fournir les moyens par lesquels certains buts peuvent être atteints. Mais les buts mêmes sont conçus par des personnalités animées d’un idéal moral élevé et — si ces buts ne sont pas mort-nés, mais vivants et vigoureux — sont adoptés et portés en avant par ces innombrables êtres humains qui, à demi inconscients, déterminent la lente évolution de la société.

Pour ces raisons nous devrions prendre garde de ne pas surestimer la science et les méthodes scientifiques quand il s’agit de problèmes humains ; et nous ne devrions pas admettre que les spécialistes soient les seuls qui aient le droit de s’exprimer sur des questions qui touchent à l’organisation de la société.

D’innombrables voix ont affirmé, il n’y a pas longtemps, que la société humaine traverse une crise, que sa stabilité a été gravement troublée. Il est caractéristique d’une telle situation que des individus manifestent de l’indifférence ou, même, prennent une attitude hostile à l’égard du groupe, petit ou grand, auquel ils appartiennent. Pour illustrer mon opinion je veux évoquer ici une expérience personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et d’un bon naturel sur la menace d’une autre guerre, qui, à mon avis, mettrait sérieusement en danger l’existence de l’humanité, et je faisais remarquer que seule une organisation supranationale offrirait une protection contre ce danger. Là-dessus mon visiteur me dit tranquillement et froidement : " Pourquoi êtes-vous si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ? "

Je suis sûr que, il y a un siècle, personne n’aurait si légèrement fait une affirmation de ce genre. C’est l’affirmation d’un homme qui a vainement fait des efforts pour établir un équilibre dans son intérieur et qui a plus ou moins perdu l’espoir de réussir. C’est l’expression d’une solitude et d’un isolement pénibles dont tant de gens souffrent de nos jours. Quelle en est la cause ? Y a-t-il un moyen d’en sortir ?

Il est facile de soulever des questions pareilles, mais il est difficile d’y répondre avec tant soit peu de certitude. Je vais néanmoins essayer de le faire dans la mesure de mes forces, bien que je me rende parfaitement compte que nos sentiments et nos tendances sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils ne peuvent pas être exprimés dans des formules aisées et simples.

L’homme est en même temps un être solitaire et un être social. Comme être solitaire il s’efforce de protéger sa propre existence et celle des êtres qui lui sont le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses facultés innées. Comme être social il cherche à gagner l’approbation et l’affection de ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler dans leurs tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est seulement l’existence de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine dans quelle mesure un individu peut établir son équilibre intérieur et contribuer au bien-être de la société. Il est fort possible que la force relative de ces deux tendances soit, dans son fond, fixée par l’hérédité. Mais la personnalité qui finalement apparaît est largement formée par le milieu où elle se trouve par hasard pendant son développement, par la structure de la société dans laquelle elle grandit, par la tradition de cette société et son appréciation de certains genres de comportement. Le concept abstrait de " société " signifie pour l’individu humain la somme totale de ses relations, directes et indirectes, avec ses contemporains et les générations passées. Il est capable de penser, de sentir, de lutter et de travailler par lui-même, mais il dépend tellement de la société — dans son existence physique, intellectuelle et émotionnelle — qu’il est impossible de penser à lui ou de le comprendre en dehors du cadre de la société. C’est la " société " qui fournit à l’homme la nourriture, les vêtements, l’habitation, les instruments de travail, le langage, les formes de la pensée et la plus grande partie du contenu de la pensée ; sa vie est rendue possible par le labeur et les talents de millions d’individus du passé et du présent, qui se cachent sous ce petit mot de " société ".

Il est, par conséquent, évident que la dépendance de l’individu de la société est un fait naturel qui ne peut pas être supprimé — exactement comme dans le cas des fourmis et des abeilles. Cependant, tandis que tout le processus de la vie des fourmis et des abeilles est fixé, jusque dans ses infimes détails, par des instincts héréditaires rigides, le modèle social et les relations réciproques entre les êtres humains sont très variables et susceptibles de changement. La mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de communication orale ont rendu possibles des développements parmi les êtres humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements se manifestent dans les traditions, dans les institutions, dans les organisations, dans la littérature, dans la science, dans les réalisations de l’ingénieur et dans les œuvres d’art. Ceci explique comment il arrive que l’homme peut, dans un certain sens, influencer sa vie par sa propre conduite et comment, dans ce processus, la pensée et le désir conscients peuvent jouer un rôle.

L’homme possède à sa naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous devons considérer comme fixe et immuable, y compris les impulsions naturelles qui caractérisent l’espèce humaine. De plus, pendant sa vie il acquiert une constitution culturelle qu’il reçoit de la société par la communication et par beaucoup d’autres moyens d’influence. C’est cette constitution culturelle qui, dans le cours du temps, est sujette au changement et qui détermine, à un très haut degré, les rapports entre l’individu et la société. L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société. C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent eux-mêmes.

Si nous nous demandons comment la structure de la société et l’attitude culturelle de l’homme devraient être changées pour rendre la vie humaine aussi satisfaisante que possible, nous devons constamment tenir compte du fait qu’il y a certaines conditions que nous ne sommes pas capables de modifier. Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la nature biologique de l’homme n’est point, pour tous les buts pratiques, sujette au changement. De plus, les développements technologiques et démographiques de ces derniers siècles ont créé des conditions qui doivent continuer. Chez des populations relativement denses, qui possèdent les biens indispensables à leur existence, une extrême division du travail et une organisation de production très centralisée sont absolument nécessaires. Le temps, qui, vu de loin, paraît si idyllique, a pour toujours disparu où des individus ou des groupes relativement petits pouvaient se suffire complètement à eux-mêmes. On n’exagère pas beaucoup en disant que l’humanité constitue à présent une communauté planétaire de production et de consommation.

Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance de la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.

L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus.

Pour des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler " ouvriers " tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste. Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est " libre ", ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.

Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins Privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.

La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants: premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de " contrat de travail libre ". Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme " pur ".

La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une " armée " de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.

Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.

Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’un façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.

Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles : comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?

09 janvier 2007

Le SJÖ occupe le siège du PS autrichien!

Je lis à l'instant sur le Blog de Graham que nos camarades du SJÖ, les jeunes socialistes autrichiens ont occupé cette nuit le siège de leur parti. Une façon radicale de protester contre l'accord de gouvernement signé hier entre le SPÖ (les sociaux-démocrates) et l'ÖVP (les conservateurs).
Cet accord n'est pas seulement à des années lumières du gouvernement minoritaire que revendiquaient la SJ, il est également en porte à faux complet avec les promesses électorales du parti. Suivant les termes de celui-ci, il apparait que le minerval dans l'enseignement supérieur (récemment introduit par le gouvernement Schüssel) restera en place, qu'il n'y aura pas d'interruption du programme de réarmement - alors que l'Autriche, à ma connaissance, est toujours neutre - et qu'il n'y aura aucune avancée en ce qui concerne les droits des gays.
Pour résumer, Bettina Schwartzmeyer, la présidente de l'European Youth Forum, constate que "99 jours de négociations n'auront amené que le volontariat forcé"!
Avec cette occupation, les Jeunes Socialistes jouent non seulement leur rôle de force de progrès, ils accomplissent aussi le devoir moral de tout militant, à savoir contrôler efficacement les leaders du parti.
C'est pourquoi le MJS les assure de leur pleine solidarité.