21 février 2007

Réveil difficile.


Cela fait des années que j'ai pris l'habitude de me réveiller avec les excellentes interviews radiophoniques de Matin première sur la radio du même nom, qui se décomposent en une interview classique et des questions d'auditeurs, encadrées par le/la journaliste. D'un matin sur l'autre, les bonnes surprises succèdent aux mauvaises et réciproquement. Mais ce matin, j'ai vraiment eu du mal à en croire mes oreilles.
Donc, l'invité du jour était le patron de la "Confédération Construction", histoire de célébrer l'ouverture de l'incontournable salon Batibouw. Et pendant dix minutes, il aura fallu entendre ce monsieur nous expliquer sans rire qu'il faut ramener l'obligation scolaire à 16 ans pour amener cette chair à profit sous la coupe des entreprises, laisser l'industrie s'installer aux commandes de l'éducation publique en matière techniques et professionelles, coupler plus sévèrement les indemnités de chômage à la recherche d'un emploi.
Puis le voici qui abonde dans le sens des questions du public: "Est-ce qu'il ne faudrait pas diminuer les charges sociales et limiter les dépenses de l'état pour favoriser l'économie?" Mais si, bien sûr, pensez-donc, on n'est pas dans la mouise avec ce vialin état qui utilise notre bel argent pour faire tourner des écoles, des routes et une police pour protéger notre propriété privée.
"Et vous trouvez normal les prix élevés qui permettent des marges bénéficiaires indécentes?" Ah! là, il abonde déjà beaucoup moins le monsieur construction. D'ailleurs, il réagit sur les coûts élevés à cause du vilain état qui (retour aux lignes précédentes). Et ne répond pas à la question sur les marges. Enfin, si on veut vraiment qu'il dise quelque chose: ça lui parait très exagéré, cette histoire de marges bénéficiaires. PAs une question sur l'emploi au noir, la situation de la main d'oeuvre immigrée, les clauses sociales dans les marchés, etc. Circulez, y a rien à voir.
Pendant ce temps-là, une sympathique publication électronique, la belgique déchiffrée en 6 minutes, continue de nous tenir au courant de ce qui se passe dans le monde merveilleux des statistiques. Sa dernière livraison nous fait part d'un classement qui doit être parmi les dernières choses à provoquer des érections en chaîne à la fondation Hayek: l'indice de liberté économique de l'Heritage Foundation.
Un truc à tomber raide. Le principe est simple, 10 "libertés" sont cotées - liberté d'entreprendre, de commerce, fiscale, par rapport au gouvernement, monétaire, d'investissement, financière, au niveau de la propriété privée, du travail et protection contre la corruption - et tout ça permet de déterminer à quel point le renard est libre dans le poulailler. Pardon, je voulais dire: à quel point les conditions sont réunies pour que tout soit pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Je m'empresse donc de signifier à nos amis de la droite libérale et/ou ultra que la Belgique est classée 17ème sur 157. Et qu'une part importante des pays européens sont en classés "mostly free".
Le Soir d'hier annonçait quant à lui que 16% de la population belge était menacé de pauvreté. Surement parcequ'on a pas encore atteint le niveau de liberté économique de Hong Kong ou de Singapour...
Et comme tout est dans tout, voila que je crois comprendre que d'aucuns pennés se trouvent plus de points communs avec un calottin qu'avec un fossile... Vraiment difficile le réveil aujourd'hui...

Aucun commentaire: