On est passé hier à côté d'un nouveau désastre. On ne peut que se féliciter de l'intervention policière qui a permis d'éviter un 11 septembre bis sur les liaisons entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Par contre, ce à quoi on n'a pas échappé, c'est à un nouveau délire du président Bush. Il faut croire que la seule figure du terroriste ne suffit plus à asseoir la légitimité de son action. Désormais, le contribuable est prié de s'endormir en regardant sous son lit s'il n'y trouve pas un fasciste islamiste.
Je ne suis pas le dernier à traiter certains de mes adversaires de fachos. Mais franchement, là, si je m'écoutais, je dirais bien que c'est l'hopital qui se fout de la charité. En attendant, ce me parait encore être un splendide exemple de la dérive orwellienne dans l'usage du langage. J'ai déjà abordé le sujet ici. Pour remettre un peu les pendules à l'heure, je vous suggère d'aller lire la définition du fascisme donnée par wikipédia.
Et vous pourrez toujours me dire ce que vous pensez de ces deux passages en particulier:
"Le modèle italien s'étant exporté dans toute l'Europe, le terme s'est ensuite étendu à tout mouvement politique s'appuyant sur un pouvoir fort, prônant un État policier extrêmement sécuritaire, les métiers organisés en corporations, la défiance envers les étrangers, l'exaltation du sentiment nationaliste et une politique réactionnaire."
"Il s'agit pour cela de mobiliser des valeurs comme le patriotisme, les idéaux de « rénovation » nationale et de pureté. Croire, obéir, combattre deviennent des valeurs, analyser et critiquer de l'insubordination. Il est donc nécessaire de faire naître un sentiment d'urgence, de désigner un ennemi commun cherchant à détruire le collectif et contre lequel le groupe tout entier doit se mobiliser."
Le choix de la référence à la lutte anti-fasciste n'est évidemment pas innocent dans le chef de W. Ca vous pose tout de suite en défenseur du monde libre et comme façon de couper l'herbe sous le pied des démocrates, rien à dire: ça le fait. A coté de ça - ça tombe bien - déjà pendant la seconde guerre mondiale, les USA et la Grande-Bretagne formaient une alliance en béton armé contre le reste du monde. Oui, c'est vrai, le front de l'est c'était pas mal non plus mais c'est un détail pour l'oncle Sam. On aurait tort de se priver de grandes images mobilisatrices, quand même, non?
Ca n'en reste pas moins inquiétant. Pour mémoire, le 18 juillet dernier, le quotidien de droite espagnol "El Mundo" publiait un sondage considérant que le coup d'état nationaliste du général Franco était "justifié" vu les circonstances. Quasiment à la même date, les sociaux démocrates slovaques mettaient en place un gouvernement rouge-brun. Les dernières élections locales en Grande-Bretagne ont été l'occasion d'une percée du British National Party. En France, Le Pen s'invite au second tour des présidentielles en 2002. On ne parle même plus du Vlaams Belang en Flandres. Et, au rythme où ça va, il faudra bientôt parler de Charleroi comme d'Anvers.
Le fascisme, le vrai, il est là, il nous pend au nez. Il serait peut-être temps de se rendre compte que ce n'est pas avec des mesures d'exception - n'est-ce pas M. Reid? - et des interventions militaires aux quatres coins du monde qu'on en viendra à bout.
Cette bataille là, c'est sur le terrain social et à domicile que tous les progressistes du monde se doivent de la mener. Et de la gagner.
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