18 août 2006

Changeons de cadre I: le Logement


A moins d'être l'heureux propriétaire d'un modeste appartement de 300m² dans ce qu'on appelle "le clos des millionaires", vous aurez sans doute remarqué que se loger dans la Région de Bruxelles-Capitale, ça coûte un os. Je vous rassure tout de suite (hum), ce n'est pas qu'une impression due à la chaleur moite de cette fin d'été ou aux émanations hallucinogènes de la mérule qui ronge votre charpente.

Amis des statistiques, bonjour !

En quelques chiffres, tirés des publications annuelles de l'observatoire de l'habitat, le loyer mensuel moyen allait en 2004 de 336 euros pour un studio à 1149 euros pour les logements de 5 chambres et plus. Quand on sait que le revenu net moyen s'élève lui à 1000 euros par mois, on comprend que le droit à un logement décent à un prix abordable, pourtant garanti par la constitution, c'est pas gagné d'avance. Si on considère abordable le logement qui ne pèse pas pour plus d'un quart dans votre budget mensuel, il faut atteindre le septième décile de revenu pour avoir accès à 50% du parc de logements bruxellois.

Traduction: soit vous gagnez au moins 21.000euros net par an, soit vous ramez pour trouver un logement qui ne plombe pas les autres postes de votre budget.

A Ixelles, la situation n'est pas plus brillante. 64% des ménages ixellois louent leur logement, bien plus que la moyenne régionale, qui se situe à 57% de locataires. Et parmi ces locataires, 60% sont considérés comme « à bas revenus », c’est à dire gagnant moins de 1000€ par mois. En comparaison, les communes voisines d’Etterbeek, Watermael et Uccle comptent respectivement 56, 30 et 34% de locataires dans cette catégorie de revenus.
Et du coté de l’offre, le loyer ixellois moyen est de 502 euros. Le loyer médian est quant à lui situé à 450 euros.

Dans la vraie vie et dans un français à peu près correct, cela revient à dire qu’une part importante de la population la plus fragilisée d’Ixelles n’a tout simplement pas accès à un logement décent à un prix abordable. Et encore, je laisse de coté ici l’état des quelques 30. 000 logements qui constituent le parc total. C’est la dèche.
Et malgré les gros efforts, notamment en matière de rénovation, le Foyer Ixellois reste parmi les lanternes rouges du logement social bruxellois avec seulement 4% du parc immobilier consacré à cette fonction.


Voilà pour le cadre. S’il ne change pas, on peut dire adieu à plus ou moins court terme à la mixité sociale dont Ixelles peut encore se targuer. Enfin, globalement, on pourra toujours dire que c’est une commune socialement mixte. Mais avec une polarisation très forte au sein de ses différents quartiers et un fossé toujours plus large entre « have » et « have not ».

Pour changer le cadre, quelles solutions ?

En gros deux options sont ouvertes : agir sur l’offre de logement ou sur la demande. Selon moi, agir uniquement par le biais d’une aide directe aux locataires, c’est refuser de résoudre les causes du problème. Prenons-le à bras le corps et agissons sur l’offre. Comment ? je propose quatre axes de travail :

Augmenter l’offre publique de logements à prix encadrés. En mobilisant les réserves foncières communales dans le cadre du Plan Régional pour le Logement. Mais également en créant une Agence Immobilière Sociale communale. Enfin, en utilisant les outils existants qui permettent de prendre aux pouvoirs publics de se substituer aux propriétaires défaillants. Je pense en particulier au droit de gestion publique, qui autorise les communes à rénover et à gérer pendant neuf ans des logements déclarés non-conformes par le Service d’Inspection Régionale.

Encourager la reconversion de bureaux en logements dans les quartiers où le déséquilibre entre ces deux fonctions est flagrant.

Mettre en place un Guichet Unique du Logement. Un lieu qui permette d’établir le dialogue avec le propriétaire de bonne foi mais confronté à des difficultés financières qui l’empêchent d’assumer ses responsabilité. Un lieu vers lequel chaque Ixellois pourra se tourner pour trouver de l’aide, que ce soit dans la recherche d’un logement ou dans ses relations avec l’administration pour l’obtention d’aides et/ou de primes, pour un conseil juridique dans la relation propriétaire/locataire… Un lieu qui devrait naturellement être ouvert à et travailler en étroite collaboration avec le tissu associatif actif sur ces terrains.

Créer un observatoire communal du logement. C’est un outil indispensable pour mener une politique du logement efficace : aujourd’hui, aucune commune bruxelloise – sauf peut-être Etterbeek – ne dispose d’une connaissance fine du logement sur son territoire. Difficile de réagir contre les logements vides ou à l’abandon si on ne sait pas où ils se trouvent ! C’est vrai également pour le suivi des permis d’urbanisme, la lutte contre les divisions sauvages des grands logements ou pour l’exercice d’achats d’opportunité par une régie foncière, à créer elle aussi, etc., etc.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais pourquoi donc toutes ces belles propositions n'ont-elles pas été appliquées par la majorité actuelle. Certaines ne coûte quasi-rien, il ne manquait donc que la volonté ... Ou bien l'ego sur-dimensionné de certains élus les a écarté de leur travail pour les cantonner à la construction de leur image ? Dans ce dernier cas, n'est ce pas là, le rôle du "militant de base" que de secouer les élus, de leur rappeler leur programme, leurs objectifs. Si même ça n'est pas possible, à quoi sert ce "militant de base" ? Je me le demande...
Ceci ne se veut pas une critique, juste un désenchantement.

Brian Booth a dit…

Bonjour, anonyme!

Pourquoi ces propositions n'ont pas été mises en pratique par l'actuelle majorité?
Pour plusieurs raisons, sans doute. La première est que certaines ne se trouvaient pas dans l'accord de majorité: au début de la législature communale, les différents partenaires comparent leurs programmes, et c'est parti pour un round de négociations. A la sortie, Plus personne n'y retrouve son programme tel quel mais certaines priorités sont intégrées. Ce qui explique aussi que des points se retrouvent dans le programme qui s'y trouvaient déjà lors des élections précédentes.

J'aimerais pouvoir changer tout, tout de suite, malheureusement, ça ne marche que quand je suis tout seul. Quel que soit le partenaire de coalition, tout se négocie etdes divergences de méthode ou de priorité peuvent apparaitre en cours de route, ce qui ralentit certains dossiers. Ca ne veut pas dire que tous les partenaires se valent, loin de là mais je reviendrai là-dessus dans un post complet.

Par ailleurs, je suis tout à fait d'accord avec toi, c'est le rôle du militant de remettre les pieds sur terre de ses mandataires quand il le juge nécessaire. Et je pense qu'un grand nombre ne se prive pas de le faire. Malheureusement, ça ne suffit pas toujours: parceque celui qui gueule ne représente pas forcément l'avis de la majorité, ou parceque, contrairement à ce que tu dis, ce n'est pas forcément un manque de volonté mais des contraintes externes (l'argent n'est pas tout!) qui empêchent d'agir.

Le MJS prépare une série de proposition de modifications statutaires dans le parti en vue de renforcer le poids de la "base" par rapport aux mandataires. Cela aussi fera l'objet d'un post un peu plus long...

Anonyme a dit…

Bonjour Brian,

Merci pour ta réponse claire et dénuée d'espoirs...futils.
Mais, du coup, une autre question me vient : pourquoi nous dis tu ce que tu veux faire ? Comment peux-tu prétendre que tu seras plus suivi que tout ceux qui voulaient tout faire avant mais qui n'ont rien pu faire ?
En quoi es-tu différents d'eux ?
Pourquoi voterais-je pour toi ?

Ca m'intéresse de savoir ce que les jeunes socialistes peuvent bien avoir à dire dans ce parti géant et dirigeant tout ? Vos propositions ont été écoutées ? Entendues ? Discutées ? Votées ? Adoptées peut-être même ? Ou bien juste ignorées ?