A moins de revenir de vacances de pâques anticipées sur mars, vous devez savoir qu'on votait en Israël mardi passé.
Pour ramasser les résultats en quelques phrases: Kadima, le parti crée par Sharon et emmené par Olmert, a remporté le scrutin. Mais on ne peut occulter le bon score des travailliste de l'Avoda d'Amir Peretz qui obtient un bloc de 20 sièges pour la gauche, auxquels viennent s'ajouter les 5 élus du Meretz-Yachad. Et moins encore la percée surprise du parti des retraités (sept candidats, sept élus). Evidemment, le résultat de la formation d'extrême-droite russophone "Israel Beitenou" et de son leader Avigdor Liebermann n'est pas passé inaperçu, puisqu'il est à deux doigts de devenir le premier parti de droite, un siège seulement derrière le Likoud. Likoud qui semble, lui, voué à sombrer dans l'oubli à plus ou moins court terme, Benyamin Netanyahou en tête.
Evidemment, vu d'ici, le résultat d'élections en Israël ou en Palestine est toujours interprété prioritairement à travers le prisme du règlement du conflit: "Est-ce qu'avec ceux-ci, on va enfin voir arriver une paix juste au moyen orient?". Autant le dire tout de suite: ce n'est pas gagné, puisque les "solutions unilatérales" sont à la mode. Et il est clair que ce ne sont des solutions à rien du tout.
Mais ce ne me parait pas l'enseignement le plus important de ce vote.
En effet, tant la victoire du Hamas en Palestine que les nuances exprimées dans le vote israelien devraient nous faire prendre conscience que, si le conflit israëlo-palestinien reste au coeur de la vie politique locale, la question sociale le rattrape à grand pas! On aurait tort de lire dans l'arrivée au pouvoir du Hamas le succès de sa campagne assassine et scandaleuse d'attentats suicides contre des civils, ou l'adhésion aveugle de la majorité de la population palestinienne à la destruction pure et simple d'Israël. Plus simplement, on oublie un peu trop vite que les seules institutions sociales qui fonctionnent à peu près convenablement dans les territoires occupés sont gérées par ce parti islamiste. Bien que le Fatah Youth fasse de l'excellent travail sur le terrain, on aimerait voir les ainés de ce parti plus présent pour apporter des réponses pratiques immédiates aux besoins des gens.
En Israël aussi, la pression sociale est de plus en plus forte. En mars 2006, un tiers de la population israëlienne vivait sous le seuil de pauvreté. En novembre 2004, on ne parlait encore "que" de 22,4%. C'est dire si les politiques ultra-libérales menées par la droite ont amélioré la situation.
Et les véritables vainqueurs du scrutin recrutent dans les classes les plus fragiles.
Le parti des retraités (un nombre impressionant mis en dificulté par le sort des retraites), Gil, est le premier surpris de l'ampleur de l'écho qu'il a trouvé dans la population: le voici très probable futur associé au gouvernement - et ses leaders doivent à présent se réunir pour définir ce que pourrait être leur ligne en matières internationales!
Quant à Liebermann, c'est dans la communauté des immigrés originaires de l'ex-Union Soviétique qu'il cartonne: pas vraiment les chouchous de la croissance israélienne non plus.
J'attends de voir le programme de ce gouvernement - en attendant, je vous invite à venir suivre une analyse autrement plus fine de la situation post-électorale jeudi 20 avril, 20h à l'ULB (auditoire H.2215), conférence organisée par Dor Hashalom avec Akiva Eldar, editorialiste du Haaretz.
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