31 mars 2006

Encore des élections: Israël.

A moins de revenir de vacances de pâques anticipées sur mars, vous devez savoir qu'on votait en Israël mardi passé.
Pour ramasser les résultats en quelques phrases: Kadima, le parti crée par Sharon et emmené par Olmert, a remporté le scrutin. Mais on ne peut occulter le bon score des travailliste de l'Avoda d'Amir Peretz qui obtient un bloc de 20 sièges pour la gauche, auxquels viennent s'ajouter les 5 élus du Meretz-Yachad. Et moins encore la percée surprise du parti des retraités (sept candidats, sept élus). Evidemment, le résultat de la formation d'extrême-droite russophone "Israel Beitenou" et de son leader Avigdor Liebermann n'est pas passé inaperçu, puisqu'il est à deux doigts de devenir le premier parti de droite, un siège seulement derrière le Likoud. Likoud qui semble, lui, voué à sombrer dans l'oubli à plus ou moins court terme, Benyamin Netanyahou en tête.
Evidemment, vu d'ici, le résultat d'élections en Israël ou en Palestine est toujours interprété prioritairement à travers le prisme du règlement du conflit: "Est-ce qu'avec ceux-ci, on va enfin voir arriver une paix juste au moyen orient?". Autant le dire tout de suite: ce n'est pas gagné, puisque les "solutions unilatérales" sont à la mode. Et il est clair que ce ne sont des solutions à rien du tout.
Mais ce ne me parait pas l'enseignement le plus important de ce vote.
En effet, tant la victoire du Hamas en Palestine que les nuances exprimées dans le vote israelien devraient nous faire prendre conscience que, si le conflit israëlo-palestinien reste au coeur de la vie politique locale, la question sociale le rattrape à grand pas! On aurait tort de lire dans l'arrivée au pouvoir du Hamas le succès de sa campagne assassine et scandaleuse d'attentats suicides contre des civils, ou l'adhésion aveugle de la majorité de la population palestinienne à la destruction pure et simple d'Israël. Plus simplement, on oublie un peu trop vite que les seules institutions sociales qui fonctionnent à peu près convenablement dans les territoires occupés sont gérées par ce parti islamiste. Bien que le Fatah Youth fasse de l'excellent travail sur le terrain, on aimerait voir les ainés de ce parti plus présent pour apporter des réponses pratiques immédiates aux besoins des gens.
En Israël aussi, la pression sociale est de plus en plus forte. En mars 2006, un tiers de la population israëlienne vivait sous le seuil de pauvreté. En novembre 2004, on ne parlait encore "que" de 22,4%. C'est dire si les politiques ultra-libérales menées par la droite ont amélioré la situation.
Et les véritables vainqueurs du scrutin recrutent dans les classes les plus fragiles.
Le parti des retraités (un nombre impressionant mis en dificulté par le sort des retraites), Gil, est le premier surpris de l'ampleur de l'écho qu'il a trouvé dans la population: le voici très probable futur associé au gouvernement - et ses leaders doivent à présent se réunir pour définir ce que pourrait être leur ligne en matières internationales!
Quant à Liebermann, c'est dans la communauté des immigrés originaires de l'ex-Union Soviétique qu'il cartonne: pas vraiment les chouchous de la croissance israélienne non plus.
J'attends de voir le programme de ce gouvernement - en attendant, je vous invite à venir suivre une analyse autrement plus fine de la situation post-électorale jeudi 20 avril, 20h à l'ULB (auditoire H.2215), conférence organisée par Dor Hashalom avec Akiva Eldar, editorialiste du Haaretz.

27 mars 2006

Pourquoi


trois messages sur la journée après un silence de mort pendant une semaine? C'est très simple.

Samedi, Everton FC était en déplacement à Liverpool. Non seulement Everton a perdu 3-1 contre l'ennemi héréditaire réduit à 10 après l'expulsion de son capitaine. Ca, on pourrait encore dire que Vandermeyde s'est fait expulser aussi, ce qui ramenait l'équilibre numérique. Mais encore fallait-il que ce soit Phil Neville qui marque le premier goal contre son camp.

Ca m'énerve et il faut que ça sorte d'une manière ou d'une autre.

Week-end Benelux

Ces 24, 25 et 26 mars, le MJS organisait, à Liège, la réunion annuelle des organisations de jeunes socialistes du Benelux: Animo pour la Flandre, JSL pour les luxembourgeois, JS in de PVDA pour les Pays-Bas et MJS, bien sur, pour la communauté française de Belgique.

Une quarantaine de militants de ces organisations a pris part à ce week-end. Au menu: le compromis sur la directive Bolkestein, la directive "temps de travail" et les politiques d'immigration, dans le Benelux et dans l'Union Européenne. Les coopérations renforcées comme nouveau moteur de la construction européenne devaient également être au programme. Comme l'action vaut tous les workshops du monde, ce dernier sujet est passé à la trappe, en faveur d'une manif organisée au centre fermé de Vottem, contre la politique d'enfermement des étrangers en séjour illégal.
On estime à 100.000 le nombre de migrants en situation illégale en Belgique. La capacité maximale des 3 centres fermés belges plafonne à 1500 places. Ce seul déséquilibre montre assez que la politique d'enfermement et de criminalisation des illégaux ne constitue pas une solution, et, plus encore, que le Gouvernement belge se sert de ce dispositif comme de rien d'autre qu'un épouvantail pour décourager les candidats à l'immigration. Allez lire la position du MJS sur la question. J'y adhère completement, si ce n'est que je suis en faveur de l'affirmation du droit de libre circulation et d'installation. Je ne pense pas qu'une politique de frontière ouverte provoquerait des migrations massives.
Bref, pour revenir au week end, outre de belles rencontres militantes, il a aussi été l'occasion de réaffirmer la volonté des JS du Benelux d'agir en commun sur une série de thèmes, tant en dehors qu'au sein des organisations internationales des jeunes socialistes. Ce qui se concrétisera entre autre par le dépot commun de résolutions sur les thèmes abordés à Liège lors du prochain bureau d'ECOSY, au mois de mai à Vienne.
PS: merci à Estelle du MJS France pour sa présence active, et ce malgré la dé-programmation de l'atelier auquel elle devait prendre part.

Infos alternatives

On se plaint souvent à gauche et plus loin que les médias manquent de sens critique, que l'information est formatée et que le journalisme est devenu une activité capitalistique. En un mot: on nous en dit de plus en plus et on a souvent l'impression d'en savoir de moins en moins, parce que, au nom d'une prétendue objectivité, on ne livre plus un regard sur l'information, tout ça manque d'une analyse engagée mais structurante.

Si vous vous reconnaissez dans ce commentaire et qu'indymedia vous gonfle, je vous conseille la lecture d' A voix autre, mensuel d'information libertaire. Le numéro de mars est disponible en ligne ici. Les auteurs sont bénévoles, parfaitement indépendants et le journal est vendu à prix libre. Pour ma part, j'aurais tendance à dire que ce journal, c'est une utopie à vivre - et utile, qui plus est.

20 mars 2006

Elections across Europe...

2006 est une année électorale pour plus d'un pays en Europe.
Comme il est peu probable que les journaux belges leur accordent beaucoup plus d'un article au lendemain des élections, je commencerai par la Hongrie. Les socialistes du MSZP, au pouvoir en coalition avec les libéraux depuis 4 ans, y mènent un combat difficile contre les populistes de Victor ORBAN, le leader de la formation de droite Fidesz. Les deux partis sont au coude à coude pour le moment, les sondages les gratifiant tous deux de 43% des intentions de vote. L'heure de vérité se rapproche puisque le vote se tiendra le 9 avril prochain. En attendant, vous pouvez suivre la campagne sur le blog créé à cet effet par notre camarade David PUSZTAI, du Fiatal Baloldal (les jeunes socialistes hongrois).
Plus médiatisées, les élections italiennes se tiendront à la même date. Bien évidemment, on ne peut que souhaiter la victoire de la coalition assez hétéroclite menée au centre-gauche par Romano PRODI, contre les berlusconistes et leurs alliés néo-fascistes. Après des années et des années de "politique des copains", de vote de lois de complaisance, de politique fiscale inégalitaire, de pro-américanisme forcené, il est plus que temps que revienne au pouvoir une formation qui se soucie du bien public, de légalité, de justice sociale et qui remette l'Union Européenne au centre de ses préoccupations extérieures. Après la victoire de Prodi lors du premier débat télévisé, cela semble être en bonne voie. Mais la course n'est pas terminée et on connait la capacité de Berlu à manipuler les médias. Dans cette lutte pour l'Italie et, à terme, pour une certaine idée de l'Europe - l'Italie reste un membre fondateur de l'Union et y exerce une influence qui n'est pas négligeable - les Italiens de Belgique ont un rôle à jouer. Alors, aux urnes!
Enfin, c'est ce week-end qu'ont eu lieu les élections en Biélorussie. Ou plutôt la farce qui en tenait lieu. La campagne électorale avait déjà été l'occasion d'évènements pour le moins douteux. Intimidations, interdictions de rassemblement, agressions physiques: rien n'aura été épargné aux partisans de changements démocratiques. Même les observateurs étrangers ne sont pas à l'abri de l'embastillement et de l'expulsion du territoire. Ce fut notamment le cas la semaine passée pour 7 de nos camarades danois de la DSU - le MJS leur a manifesté sa solidarité dès que la nouvelle a été connue. Plus d'informations sur ce dernier point ici en danois (bonne chance).
Bref, tout ça pour en arriver à un score tout ce qu'il y a de plus chiraquien, puisque Loukachenka, qualifié de dernier dictateur d'europe, clame pas loin de 90% des voix. L'opposition réclame, elle - et à bon droit -, l'invalidation des résultats...

14 mars 2006

A propos du droit à la paresse...

de Paul LAFARGUE, dont je parlais hier. Il s'agit donc d'un texte assez bref du gendre de Marx, qu'on peut lire comme la première (elle date de 1883) vision de la réduction du temps de travail comme plus qu'une amélioration pure et simple des conditions de travail.
Le texte intégral se trouve ici. Mais la lecture est tout de même plus confortable dans une version papier - une édition récente, septembre 2000, se trouve chez Mille et une nuits.

13 mars 2006

La java des chaussettes à clous

Alors comme ça, Villepin, le premier ministre français, est persuadé que "bien des jeunes en Europe voudraient pouvoir bénéficier de ce contrat."

Ah bon. J'imagine qu'il parle des membres des jeunes patrons européens. Je ne vois pas très bien quel autre jeune pourrait rêver de décrocher un "contrat première embauche" qui ne lui offre aucune sorte de stabilité pendant deux ans de durée d'essai. Un truc tellementefficace en matière d'insertion socio-professionnelle que les banquiers annoncent tout de go qu'ils hésiteront à ouvrir des lignes de crédits pour les salariés engagés sous ce régime et que les propriétaires font savoir que, pour obtenir un de leurs logements, ce sera pas gagné d'avance.

En tout cas, j'imagine que, pour Villepin, la France compte 1 million d'enfants gâtés qu'il convient de mettre au pas à grand coup de matraques. Comme le chantait Boris Vian:

Ustensiles fort sociables
Elles prennent un contact aimable
Avec l'œil ou avec le râble
Du badaud qui ne sert à rien
Réformant la jeunesse oisive
Elles font propagande active
Dans le ventre ou dans les gencives
Des crétins du Quartier latin.
Ce sont les chaussettes à clous
Compagnes chéries des humbles gendarmes
Parure en même temps qu'arme
C'est là tout le charme
Des chaussettes à clous.
Je serais assez étonné de trouver dix jeunes qui rêvent effectivement d'un job au régime CPE. Par contre, je ne m'étonne pas du tout que, pour ne pas changer, on teste les joyeusetés néo-libérales prévues pour l'ensemble du marché de l'emploi sur la jeunesse.
Il y a un an et demi de ça, Frank Vandenbroucke, alors ministre SP.A de l'emploi, mettait en place un plan "d'activation" des chômeurs. Dans une première phase, c'étaient les chômeurs complets indemnisés (CCI) de moins de 30 ans qui devaient faire la preuve de leur recherche active d'emploi. Faute de recherche satisfaisante, boum, plus d'allocs. C'est pratique, ça fait autant de chômeurs en moins. Et après ça, vous pouvez vous la pèter grave dans les cocktails du Bureau International du Travail. "Comment, Tony, vous avez encore des jeunes chômeurs chez vous? mais mon vieux, c'est completement has been!".
Dans la mesure où personne ne risque de vous demander combien coutent ces plaisanteries aux CPAS, c'est ce qui s'appelle frimer à peu de frais.
Et où en est-on, d'ailleurs, dans cette chasse aux chômeurs, maintenant que 18 mois et 2 ministres sont passés?
D'après l'analyse fournie par la plateforme stopchasseauxchomeurs, une brillante réussite (hum, hum). L'ONEm nous annonçait 407.011 CCI en juin 2003. Décembre 2005: on en est déjà à 451.782. Bilan: + 44.771
Pour prendre une définition plus large, celle de demandeur d'emploi inoccupé, utilisée par le B.I.T., aux même dates on passe de 538.141 à 597.141. +59.000 DEI en un an et demi. Je propose un ban pour la création d'emplois.
Quelqu'un se souvient encore que Verhofstadt promettait 200.000 emplois nouveaux avant la fin de la législature? Dans la mesure où il nous a demandé de juger l'action de son gouvernement sur le recul du chômage et de l'extrême-droite, je commence à envisager de demander l'asile politique au Vénézuela ou au Costa-Rica...
Mais soit. "Et le processus d'exclusion des chômeurs? On a laissé tomber?" me demanderont alors quelques droitiers, frustrés de voir le nombre de chômeurs augmenter... Nenni, m'cadèï! Non content d'être incapable de créer de l'emploi, même précaire, on s'assure que la machine continue de fonctionner.
Depuis le lancement du plan, 46.592 jeunes chômeurs de moins de 30 ans ont passé un premier "entretien de contrôle". A votre avis combien ont fournis des efforts de recherche "satisfaisants" vers un emploi dont on vient de voir qu'il n'existe pas? 33% soit 15.499 personnes. Vu les réalités du marché de l'emploi, heureusement pour la crédibilité de la démarche que les critères de "recherche satisfaisante" sont laissé à l'arbitraire de l'agent de contrôle. De quoi le secrétaire d'Etat aurait-il l'air si on arrivait à 100% d'insatisfaisants??
Bon, à l'issue de ce premier entretien, le chômeur pris en flagrant délit de fainéantise est convié à signer un contrat avec l'ONEm. Au bout de quatre mois, ré-évaluation. A ce stade, 2815 personnes ont déjà subi ce second entretien. Et vous pensez que ces types auraient fait des efforts en quatre mois? Rien du tout! Les contrôleurs ont encore estimé que 1005 chercheurs d'emploi ne cherchent rien du tout, ou pas comme il faut (35,7% des ré-évalués).
L'administration ne se démonte pas: elle fait signer un nouveau contrat aux supposés tire-au-flanc. Mais comme il ne faut pas jouer avec ses pieds, elle suspend le versement des allocations pour 4 mois aux 980 nouveaux contractualisés.
Attention! la Belgique est un pays où on ne rigole pas avec la liberté des parties contractantes. 25 personnes ont donc été jugées tout à fait libre de ne pas signer ce nouveau contrat. Elles ont également pris librement leurs cliques et leurs claques sans un rond et exclues définitivement des listes.
On ne sait pas si les autres ont reçu un stock de timbres-poste pour l'envoi de leurs CV et de leurs lettres de candidature.
Quant au troisième et ultime entretien, il n'y en a encore eu qu'un nombre infime. Statistiquement, les 46,28% de chômeurs exclus après ce dernier ne représentent pas grand chose. Je n'ai pas l'impression que le Secrétaire d'Etat Vanvelthoven les considèrera un jour comme autre chose que 4 chiffres et une virgule...
Pour compléter le tableau, 1300 jeunes gens qui se sont essayés à la résistance passive (ils ne se sont pas présentés aux entretiens) ont été sanctionnés.
Bien. Et quel est le rapport avec le CPE? Et bien, il s'agit ici aussi, d'un mécanisme de précarisation du travail. En jouant sur la menace d'exclusion des allocations de chômage, le capitalisme fait donner son armée de réserve sur le marché du travail. Pour éviter les sanctions, les chômeurs sont contraints d'accepter n'importe quel job, quelles qu'en soient les conditions. Inutile de dire que ce n'est pas précisément de nature à pousser les patrons à offrir des jobs de qualité. Bien au contraire, c'est un salaire minimum et une flexibilité maximale pour une formation en adéquation optimale avec l'emploi proposé qui sera désormais la règle. Le tout dans des petits jobs sans avenir et instables...
Le jour où le travail cessera d'être une aliénation n'est pas prêt de se lever, hélas.
Je crois que je vais aller relire "le droit à la paresse" de Lafargue.

4 jours au Parlement Européen... et aux alentours.

Bien, après pas loin d'une semaine de silence quoi de neuf?

Tout d'abord, comme promis, quelques mots sur l'université d'hiver d'Ecosy. Pas eu énormément de temps pour prendre part aux débats mais, à en croire les militants du MJS présents, rien de nouveau sur le front de l'Europe sociale. La révolution prolétarienne n'est pas pour tout de suite. En ce qui concerne les pannels qu'il m'a été donné de voir, une mention spéciale pour Gianpierro Alhadef, qui est encore pour quelque temps le patron de SOLIDAR. Une deuxième pour notre camarade Simone Burger, vice-présidente (Jusos) d'Ecosy, qui n'a pas ménagé la MEP chargée de venir nous vendre le compromis sur Bolkestein.
En marge du programme officiel, une rencontre interessante avec les présidents de l'European Youth Forum (l'échelon européen du CJEF), des Jeunes Fédéralistes Européens, des Jeunes Libéraux et des Jeunes Verts Européens. Je me demande dans quelle mesure certains de nos camarades se sont demandés quelle était la différence entre eux et nous. Pour ma part, j'ai souvent du mal à faire la différence entre eux et ces derniers camarades, en tout cas...
La décalaration finale n'est pas non plus du genre à faire avancer la révolution prolétarienne mais enfin, on a vu pire.
Je profite du moment pour remercier chaleureusement les étudiants socialistes de l'ULB pour le travail fourni. Et en particulier Alex, Mechie, Laetitia et Mounir. Ecosy vous doit vraiment une fière chandelle!
Puisqu'un des sujets abordés portait sur la perception de l'Europe par ses citoyens, je propose qu'on prenne quelques lignes à l'occasion pour parler de l'impact physique de ce grand et beau projet politique sur Ixelles et ses habitants. Ce sera pour plus tard.
Mais puisque j'aborde en passant les questions communales, une bonne nouvelle (?): ce week-end, évènement-eke médiatique autour de la place Flagey. Oui, oui, on nous le promets pour la quinzième fois: le bassin d'orage est presque terminé. En tout cas, il devrait etre achevé avant le 30 juin 2006. Vu les canicules des années précédentes, je suppose qu'on doit s'en réjouir. En attendant, et malgré les flon-flons, on ne sait toujours pas ce qu'on fera de la place une fois les travaux terminés. Pour ma part, et malgré quatre ans de travaux, j'ai toujours du mal à l'imaginer sans le marché hebdomadaire, le cirque annuel et dieu sait quelles autres activités. Avec le tissu culturel qui se développe dans le quartier des étangs, j'imagine d'ici les concerts, lectures publiques, pièces de théatre en plein air, férias, etc. etc.
Cela dit, si on reste dans la même veine d echance qui a accompagné l'ensemble du chantier jusqu'à présent, on peut s'attendre à lire bientôt que la place se résumera à un énorme arrêt de tram, avec toute la convivialité de la gare du midi. Mais attention! Un énorme arrêt de tram en pierre bleue. Désagréable d'accord mais faut que ce soit beau!
Bref, en attendant mieux, c'est parti pour un petit jeu concours: à quel écrivain portugais est dédié le monument caché par la friterie de Flagey?

07 mars 2006

Demain, Journée de la Femme

Demain, le 8 mars, c'est la journée internationale de la Femme.
Un autre jour, je me lancerais sans doute dans de longs développements sur l'actualité du combat féministe et contre les aspects réactionnaires et oppressifs du patriarcat qui continue de maintenir la Femme dans un état de soumission qui devrait empêcher tous les socialistes de dormir (tout comme la phrase précédente devrait le faire avec le premier élève de troisème primaire venu). Heureusement ou malheureusement, c'est à vous de voir, pas énormément de temps aujourd'hui.
Donc je me contenterai d'un seul exemple: en Belgique, une étude SD WORX vers laquelle renvoie le ministère de l'économie montre qu'en moyenne, à travail égal et si on ne prend en compte ni les fonctions ni les tranches d'âges, une femme gagne 4,7% de moins que son collègue masculin. Si on creuse un peu plus loin, en prenant compte des fonctions, l'écart grimpe à 8,4%. Et le gouffre se creuse avec le temps: de 3,1% pour les 25-29 ans, il augmente jusqu'à plus de 9% pour les 50 ans et plus.
Le "centre pour l'entrepreunariat durable" flamand a montré récemment que le nombre de femmes dans les fonctions dirigeantes n'avait augmenté que de 2% depuis 1993. Le "plafond de verre" n'est pas encore brisé! Et en Région de Bruxelles-Capitale? je vous invite à aller télécharger cette étude réalisée pour l'ORBEM...
Le marché du travail n'est qu'un des terrains de l'exploitation de la femme. A ce sujet, le groupe des "Femmes PSE" lance une initiative encourageant la Commission européene à agir contre la prostitution durant la prochaine coupe du monde en Allemagne. N'attendez plus pour aller signer leur pétition en ligne, avant le 8 mars!

PS: promis, je vais me mettre à étudier comment ajouter des images dans cet espace aride.

06 mars 2006

université d'hiver ECOSY

Aujourd'hui s'ouvre l'université d'hiver d'ECOSY au parlement européen.

Bref rappel: ECOSY est l'organisation coupole des jeunes socialistes européens. Elle regroupe une grosse trentaine d'orgas de JS issues de l'Union et de pays candidats. En tant que secrétaire international du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), je siège au bureau de cette structure.

Mise sur pied avec le soutien du groupe PSE et avec un coup de main d'Animo (les JS flamands) et du MJS, l'université d'hiver se tiendra jusqu'au 9 mars, autour du thème "A new consensus on Europe". Une cinquantaine de militants venus des quatre coins de l'Union y débattront de l'Europe sociale, de la perception que les citoyens ont de l'UE et du rôle de l'Europe dans le monde...
Au nombre des orateurs, outre le praesidium d'ECOSY, on retrouve notamment Anne VAN LANKER (parlementaire européenne SP.A), Benoit HAMON (idem, PS Français), Zita GURMAI (présidente des Femmes du PSE), j'en passe et des meilleurs...

J'essaierai d'être présent à un maximum de séances - en dehors des heures de boulot, bien sûr - et de vous tenir informés de ce qu'il s'y passe dans les prochains jours.

04 mars 2006

Entrée en matière: Hemingway, le logement et les successions.

Ca faisait déjà quelques jours que je me demandais comment ouvrir ce blog sans tomber dans les sempiternelles considérations sur « ma vie, mon univers et tout le reste » ou les banalités d’usage et voilà que les libéraux ixellois me donnent une excellente occasion de plonger directement dans le vif du sujet.

Donc, hier, j’entame ma lecture du Soir dans le tram 94 et, dans les pages bruxelloises, je tombe sur l’inénarrable Olivier de Clippele, un des – nombreux – chefs de file de la droite de ma commune. Il m’y explique calmement que les droits de succession sur les biens immobiliers sont beaucoup trop élevés et doivent être réduits à un taux plancher…
Ce que j’aime bien avec ces représentants de la droite la plus dure (genre Didier Reynders), c’est qu’avec eux, c’est beaucoup plus facile d’expliquer que le clivage gauche/droite est tout ce qu’on veut sauf dépassé.

Quand on me parle des droits de succession, la première chose à laquelle je pense, c’est « Pour qui sonne le glas », le roman d’Hemingway. Dans cet excellent bouquin, qui se déroule pendant la Guerre Civile espagnole, le héros, un prof américain engagé aux côtés des Républicains, explique à un de ses camarades espagnols que le système de droit de succession est supposé permettre le morcellement des grandes propriétés terriennes, éviter que les richesses s’accumulent entre les mains de quelques-uns. « Mais, sûrement, les gros propriétaires et les gens riches vont faire une révolution contre ces impôts-là ? Ces impôts-là, moi, je trouve ça révolutionnaire. Ils vont se révolter contre le gouvernement, quand ils s’apercevront qu’ils sont menacés, exactement comme les fascistes ont fait ici », lui répond l’Espagnol.

Vous, je ne sais pas, mais pour ma part, je trouve que c’est un passage qui résume parfaitement la situation : les droits de succession sont un mécanisme de redistribution des richesses, qui permettent de financer l’action des pouvoirs publics et de limiter l’existence de barrières sociales fixées suivant la naissance. Et la droite, ça l’énerve. Donc, elle veut régler son compte à cet « impôt révolutionnaire ».

Bon, maintenant, attention : je ne suis pas un fan de la propriété privée, c’est vrai, mais faut pas pousser. Je ne serais pas particulièrement choqué que chacun soit propriétaire de son logement, dans la mesure ou une société dans laquelle tout le monde est propriétaire ne diffère pas beaucoup d’une société dans laquelle personne ne l’est. Je ne tiens pas non plus particulièrement à ce que, lorsqu’un membre d’un couple décède, l’autre se retrouve à la rue parce qu’il n’est pas en mesure de régler les impôts. Il est important d'aménager des réponses spécifiques à des cas spécifiques. Mais il ne faut pas laisser l’arbre cacher la forêt.

Dans la Région de Bruxelles-Capitale, on arrive péniblement à 40% de propriétaires-occupants contre un très large 60% de locataires. Lisez : la proposition des libéraux préfère aider les minorités possédantes, relativement (appréciez l’effort de nuance) plus à l’aise que la majorité de la population qui doit tirer son plan pour payer un loyer tous les mois.
Pour information, bien que la Constitution belge garantisse à tous les citoyens le droit à un logement adapté et accessible financièrement, à Bruxelles, il faut faire partie des 30% de la population qui gagne le plus pour avoir accès à au moins la moitié du parc de logement, tout en consacrant moins d’un tiers de ses revenus à son loyer.
Le manque à gagner que représente une diminution des taux d'imposition, c'est autant d'argent en moins pour mener des politiques publiques en faveur du logement.

Enfin, là où la proposition de Clippele devient complètement délirante, c’est quand on se demande pourquoi les droits de succession deviennent impayables.
Les droits de succession, c’est le prélèvement d’un pourcentage de la valeur des biens transmis. Le fait que les héritiers ne parviennent plus à suivre, on peut choisir de le voir comme le symptôme que l’impôt est trop élevé. C’est le choix de la droite.
Mais on peut aussi réfléchir d’une façon plus globale. Et on se rend alors compte que c’est tout l’immobilier dans la Région qui est hors de prix !

Ce n’est pas diminuer le montant des droits de succession qu’il convient de faire, M. de Clippele : c’est enfin se décider à réguler efficacement le marché immobilier bruxellois qui permettra à tous de se loger et de vivre dignement dans notre Région. Mais pour s’attaquer à ce dossier, pour défendre les intérêts du plus grand nombre des Bruxellois, il faut un projet de société et un courage politique que votre parti n’est pas prêt de trouver !