Sans doute déjà plus une nouvelle pour beaucoup d'entre vous - mais voici une dépeche AFP sur les derniers évenements en Birmanie. Montrez votre soutien et votre solidarité : écrivez aux représentants du gouvernement birman en Belgique et à Karel de Gucht!
RANGOUN (AFP) - La junte en Birmanie a commencé mercredi à réprimer le mouvement de protestation mené par des bonzes contre le régime militaire, faisant charger des dizaines de milliers de manifestants à Rangoun où au moins quatre personnes -un civil et trois moines- ont été tuées et cent blessées.
Trois autres civils ont été blessés par des balles tirées par les forces de sécurité, a indiqué à l'AFP un responsable hospitalier. Parmi ceux-ci figure une femme atteinte à la poitrine.
Dans des incidents distincts avec les militaires et policiers, au moins trois moines bouddhistes ont été tués, selon un responsable birman ayant requis l'anonymat.
Un bonze a été tué par un coup de feu alors qu'il tentait de désarmer un soldat et deux autres religieux ont été battus à mort, a dit cette source.
Un second responsable a précisé que les incidents avec des bonzes s'étaient notamment produits près de la célèbre pagode Shwedagon, point de ralliement des moines qui ont pris la tête de défilés quotidiens contre la junte depuis le 18 septembre à Rangoun.
Une centaine de manifestants, dont la moitié de bonzes, ont aussi été blessés, selon des témoins.
Par ailleurs, quelque 200 personnes ont été arrêtées, selon ces sources.
Parmi celles-ci se trouvent au moins une centaine de moines, selon un diplomate étranger.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a été convoqué d'urgence pour des consultations sur la Birmanie mercredi à 15H00 (19H00 GMT), a annoncé à New York le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, dont le pays assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil.
D'autres pays ont fait part de leur sérieuse préoccupation.
Le parti de l'opposante Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis 2003, a déclaré que le régime militaire avait commis "une faute irréparable" au regard de l'Histoire, en chargeant des manifestants pacifiques, dont des bonzes.
Les premiers incidents ont été signalés vers 12H00 locales (05H30 GMT), lorsques les forces de sécurité ont chargé quelque 700 personnes, principalement des étudiants mais aussi des bonzes, qui commençaient à se rassembler non loin de la pagode Shwedagon. Les manifestants ont été frappés indistinctement à coups de matraque.
Un peu plus tard, dans le quartier de la pagode Sule, des policiers et des soldats ont tiré en l'air et ont fait usage de gaz lacrymogène, alors que des milliers de civils ovationnaient un millier de moines qui arrivaient, selon des témoins.
Les policiers et les militaires présents ont alors procédé à des tirs de sommation.
"Ils insultent même notre religion et nos moines", a protesté un quinquagénaire en s'enfuyant à l'écart des nuages de gaz lacrymogène.
Une heure plus tard, des dizaines de milliers de personnes, dont des bonzes, se regroupaient ailleurs dans le centre-ville, tandis que des tirs de sommation retentissaient dans d'autres quartiers, selon des témoins.
Confrontés à une montée en puissance des manifestations menées par des moines bouddhistes - 100.000 personnes sont descendues dans les rues respectivement lundi et mardi -, les généraux ont profité de la nuit de mardi à mercredi pour annoncer par haut-parleur un couvre-feu entre 21H00 à 05H00 locales (14H30 à 22H30 GMT).
La première ville de Birmanie a aussi été placée sous un régime d'accès restreint, un statut spécial ressemblant à l'état d'urgence. Mandalay, deuxième ville du pays située dans le centre, a fait l'objet des mêmes restrictions.
Plus tard dans la nuit, deux personnalités soutenant le mouvement de protestation, Zaganar, le plus célèbre des comiques birmans, et Win Naing, un homme politique modéré ont été arrêtées à leur domicile, selon leurs proches.
Ces deux personnalités avaient été vues ces derniers jours à Rangoun en train d'offrir de la nourriture et de l'eau aux moines qui défilaient.
Le mouvement de protestation avait débuté le 19 août par des opposants après une augmentation massive des prix.