15 avril 2006

Faits divers

J'aime pas les faits divers. C'est peut-être mon côté schtroumpf grognon mais ces brèves de 4 lignes qui servent juste à entretenir dans le lectorat (ou le public de RTL-TVi) le sentiment diffus que le monde autour de nous est vachement dangereux, ça me gonfle.
Mais bon, là, le héros (hum) du fait divers c'est moi, donc je vous le raconte. Et après ça, vous n'échapperez pas à deux trois réflexions diverses et variées, histoire de ne pas me limiter aux 4 lignes ambiguës dont mention plus haut.
Donc vendredi 14, vers 19h, je rentre d'une course en ville pour la pendaison de crémaillère d'un copain. Dans le bus 71, moi et plein de gens, dont trois types qui ont une conversation, disons, animée et éthylique sur le sort à réserver à une poubelle. Durant tout le trajet, le ton monte jusqu'à ce que nous arrivions à l'arrêt cimetière d'Ixelles (c'est là que je vis). Je descends par l'avant et, le temps de remonter le bus, un des trois types est par terre sur le trottoir tandis qu'un des deux autres lui redessine un portrait dans le plus pur style cubiste à grands coups de godasse dans la tronche.
Je ne sais pas pourquoi, mais dès qu'il s'agit de défendre la veuve et l'orphelin, mon sang ne fait qu'un tour, je ne peux pas m'en empêcher, j'y vais. Donc, pas de surprise, je me mêle du pot de chambre. Je vous fais pas de dessin: en deux minutes, c'était plié, le chevalier blanc est au tapis, et Picasso et son pote entament une nouvelle toile. Vous ne m'en voudrez pas si je ne m'étends pas sur ce qui arrivait à la première victime à ce moment là, j'étais occupé à méditer sur les vertus de l'égocentrisme forcené et l'impérative nécessité de me remettre sérieusement au sport.
Heureusement, l'un ou l'autre des cinquante passants a fini par appeler le 112 et, aux cris de "la police arrive", les deux gars fichent le camp sans demander leur reste. C'est bizarre mais, le visage en sang, le temps parait plus long. Donc, après un temps qui parait infini, l'ambulance arrive enfin suivie, à quelques minutes d'intervalles, par une voiture de pandores, qui veulent savoir si c'est bien ici pour les blessures par balles. Désolé, les gars, ici c'est juste pour les blessures par parapluie.
Bref, voila, moralité 5 points de suture, une série de bosses, un suspense insoutenable en ce qui concerne d'éventuelles séquelles après les coups de pied dans le ventre, et pas un gramme de jugeote en plus puisque, après mure réflexion, je crois bien que la prochaine fois, je recommence.
Fin du fait divers.
Avant d'aller plus loin, merci infiniment à tous ceux qui se sont arrêtés et inquiétés de ce qui se passait. Plus encore à ceux qui sont restés s'occuper de moi et de mon compagnon d'infortune en attendant les ambulanciers.
Maintenant, l'aspect politique communale de l'histoire.
L'arrêt de bus est, à tout casser, à 500 m de l'antenne de la "5è division" de police, qui se trouve lui au bas de la chaussée de Boondael. Je peux vous garantir que même en rampant avec les dents et les oreilles, 'faut pas vingt minutes pour faire le trajet. (j'apprends depuis que l'antenne n'est pas ouverte en permanence)
En discutant un peu avec les deux agents qui nous ont rejoints aux urgences de l'hopital d'Ixelles, il est apparu que les deux malheureux était en patrouille à Laeken quand on leur a dit d'intervenir. Pour info, l'un habite Tongres, l'autre Genk. Pas étonnant, donc, que ces deux malheureux flics aient mis un temps infini à traverser tout Bruxelles pour enregistrer difficilement une déposition dans une langue qu'ils ne comprenaient qu'aussi approximativement que je parle la leur. Notez que le front ouvert n'entame pas significativement mon niveau de néerlandais. ;)
Mais soit, voila la vraie question: la réforme des polices devait garantir une police de proximité. Pour Ixelles, c'est raté. En dehors des querelles portant sur le financement de la zone Bruxelles-Ixelles, on se trouve dans une situation ou les agents de quartier ne connaissent pas leur territoire, ne sont pas toujours en mesure de communiquer et, pour tout dire, seraient plutôt contents d'être mutés près de chez eux - ce qui est bien compréhensible, je m'empresse de le dire.
Donc: à quand une zone indépendante "Bruxelles" et le rattachement d'Ixelles à une autre zone de police? Si on veut obtenir une police de proximité efficace (c'est à dire favorisant une approche préventive et socialisante), et qui évite les dérives sécuritaires dans le public, je ne vois pas d'alternative...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

au moins tu n'as pas perdu ton sens de l'humour ni ta plume.

Brian Booth a dit…

Merci Clio. Tout au plus ai-je perdu une bonne occasion de me taire... ;)

Anonyme a dit…

:o( Désolé d'apprendre que tu t'es fais agresser...
Mais content de lire que cela n'a entammer ni ta verve ni ton humour...

Et par ailleurs, assez d'accord avec toi sur la réorganisation de la police, qui à mon avis c'est aussi mal passée à ailleurs qu'à Ixelles....

@ +

Anonyme a dit…

Je m'étonne de voir un ex vice-champion de Brabant de judo dans la catégorie espoirs des moins de 71 kg mis à terre à coups de parapluie.
Sans blague, j'espère que tu vas mieux.

Bravo pour ton blog. Je me doutais bien que tu devais avoir une bonne plume...

Brian Booth a dit…

Salut Laurence et merci.

Va vraiment falloir que je trouve une solution pour retirer du web ce vieux site du Cercle :)