04 avril 2006

C'est dur pour tout le monde, surtout pour moi tout seul


C'est du moins ce que chantait Plastic Bertrand (enfin Lou Deprijck, mais on ne va pas revenir éternellement sur cette histoire...) sur son album "An 1". Soit dit en passant, je vous mets au défi de retrouver les paroles de cette chanson: j'ai essayé avant de poster, pas moyen de mettre la main dessus. Les amateurs de challenge apprécieront cet indice: le titre, c'était "Pognon Pognon". Ce qui dans le fond n'est pas éloigné du thème du jour.
En effet, pourquoi exhumer cet improbable figure de la scène punk belge de la fin des années 70? Pas juste pour le plaisir de faire de la pub à Pipou ou pour vous dire que mon père était le bassiste de la tournée "ça plane pour moi". Ca, c'est triste à dire, mais je soupçonne que tout le monde s'en fout.
Non, le pourquoi est bien plus simple. C'est parce que, à mon avis, les patrons d'InBev, le géant de la bière nés de la fusion d'Interbrew et d'un collègue brésilien, devaient être punks, dans leur jeune temps. Et qu'ils devaient se passer cette chanson en boucle. "j'veux du franc, du dollar et du yen, pognon, pognon, pooognon, j'en ai pas trop donnez-moi 'z-en - du bléééééé!". Pas à dire, c'est quelque chose qui marque.
Et c'est comme ça qu'ils en arrivent à annoncer un jour un milliard d'euros de bénéfice - ce qui est tout de même confortable. Et le lendemain la mise à la porte de 145 employés à Jupille pour cause de délocalisation en Hongrie et en République Tchèque.
Après ça, il y en aura encore pour dire que la concurrence entre les états de l'Union c'est la voie royale de l'intégration européenne. Et que l'harmonisation fiscale et sociale par le haut, ça peut attendre... Evidemment, les licenciements économiques fonctionnent aussi bien sans concurrence interne. C'est vrai, mais ça n'aide pas. Moralité: sauvez un emploi, flinguez un actionnaire.
Oooops, on va encore m'accuser d'incitation au meurtre. Soutenez plutôt le rapport Hutchinson condamnant les délocalisations intra-européennes. C'est fort peu, mais c'est un premier pas.
Par ailleurs, pour manifester votre solidarité avec les travailleurs de Jupille, allez signer la pétition en ligne.

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