30 septembre 2012

Parlons de fond - 1er épisode.

Quand on se promène dans la commune, à force de voir le faciès de Big Brother du bourgmestre sortant placardé partout, on pourrait croire qu'une campagne ne se joue qu'à la capacité d'imposer ses affiches à tous les coins de rue - et accessoirement à faire retirer celle des autres candidats, au mépris du respect le plus élémentaire des commerçants et, accessoirement, de ses opposants.

Traitez-moi de bisounours si vous voulez mais, pour ma part, si je suis d'accord pour dire que se faire (re)connaitre est essentiel, je reste convaincu que l'électeur vote d'abord pour un projet et pas seulement pour un type "qui a une bonne bouille" ou qu'il a vu et revu jusqu'à l'écoeurement.
Donc, c'est parti pour la présentation de quelques éléments clefs du programme socialiste à Koekelberg. Au menu du jour: le logement. D'abord parce que c'est mon domaine de prédilection. Ensuite parce qu'on peut prendre le problème par tous les bouts, un logement décent, c'est le point de départ indispensable pour tout le reste. De la santé (vous avez une idée de la quantité de maladies qui dérivent d'un logement en mauvais état?) à la formation (n'espérez pas que vos enfants réussissent à l'école s'ils n'ont pas un espace ou travailler à la maison) en passant par la simple autonomie financière. On estime que, dans la Région, il faut faire partie des 10% les plus riches pour ne pas dépenser plus qu'un tiers de ses revenus dans son logement. Que ce soit en location ou à l'achat.

Pourtant, un logement décent à un prix accessible est un droit garantit par l'article 23 de la constitution. Il y a du boulot. Et le moins qu'on puisse dire est que le niveau communal peut faire beaucoup pour concrétiser ce droit.

I. De quoi on parle?
(Ami lecteur, je te préviens tout de suite: c'est la partie la plus pénible. Si tu es venu pour une critique acerbe de la cour pivinienne, passe au point II. Si tu cherches ce que nous proposons, c'est aux points III et IV. N'empêche que j'aime faire les choses dans l'ordre, donc je continue sur mon point I.)

Quand on parle logement, certains pensent d'abord aux briques. Pour moi, il faut d'abord parler des gens. Koekelberg a beau être la commune la moins peuplée de la Région avec un peu moins de 21.000 habitants, elle affiche une densité de population trois fois supérieure à la moyenne régionale. Malgré cette densité importante, elle fait partie des communes bruxelloises où la population augmente le plus vite - en particulier dans le "bas" de son territoire: +25% en 10 ans. Et où la moyenne d'âge baisse le plus rapidement.

Ca veut dire quoi, ce charabia? Que les koekelbergeois sont de plus en plus nombreux, en particulier les plus jeunes d'entre eux. Et qu'en terme de besoin de logements, la pression s'accentue sur les loyers des grands logements (moins d'1% des 7500 logements de la commune comptent 3 chambres et plus) et les prix à l'achat de logements 2 ou 3 chambres, puisque le parc de logement disponible n'augmente pas aussi vite. Donc, si je résume: le koekelbergeois, c'est de plus en plus souvent soit une famille avec 3 enfants ou plus, qui a abandonné depuis un moment l'espoir d'accéder à la propriété et qui paie trop cher un logement trop petit, soit un jeune couple qui achète son premier logement, se saigne pour rembourser un prêt douloureux et qui envisage sans doute de revendre et de se barrer quand arrivera le deuxième enfant. Ah oui, parce que la population a beau augmenter, Koekelberg reste aussi une commune "de passage", avec un taux annuel d'entrées et de sorties au registre de population parmi les plus élevés de tout Bruxelles.

C'est assez fou, ce qu'on peut apprendre avec l'Institut National des Statistiques, non?

Bon, et ce n'est pas tout. Le parc de logements stagne. Accessoirement, il vieillit aussi. Pour l'essentiel, il date des années 50/60 et n'a pas fait l'objet des investissements nécessaires pour le maintenir aux normes. Et donc, il continue de consommer des quantités invraisemblables d'énergie. Et comme souvent, c'est la frange la plus fragile de la population qui paye le plus ce manque d'investissement. Au moins on gagne, au plus la facture d'énergie est élevée.
Cela dit, ça va paraitre incroyable à beaucoup de monde, mais quand on lit le rapport de l'observatoire régional des loyers, on s'aperçoit que 4% des logements de la commune n'ont pas accès au "petit confort". Traduction: il n'y a même pas de salle de bain. Bienvenue au 21ème siècle.


II. Le (non) bilan de l'équipe Pivin.

Quand on est confronté à une situation pareille, on ne peut pas rester sans rien faire, si?
Il faut croire que si. En tout cas, si on regarde le bilan de l'équipe sortante, on ne peut pas dire qu'on a pris le problème à bras le corps. Premier constat: on atteint péniblement les 8% de logement public sur le territoire de la commune. Essentiellement grâce aux 514 logements du Foyer Koekelbergeois. Pour rappel, l'objectif régional est d'atteindre 15% tous dispositifs confondus. 

Plus douloureux, les critères d'attribution des logements communaux sont pour le moins obscurs voire discriminatoires. Je n'ose pas imaginer ce qu'on aurait entendu si des logements publics avaient été régi par un système aussi opaque dans une ville wallone gérée par des socialistes...




III. Le projet socialiste.

Pourtant, le pouvoir communal n'est pas sans capacité d'action pour répondre aux besoins de logement des koekelbergeois.
Il y a d'abord toute la politique du logement public. La commune est propriétaire et gère directement une cinquantaine de logements.
Il y a aussi la mobilisation du foncier. Le paysage urbain à Koekelberg est parsemé de friches et de dents creuses, d'anciens sites de petite industrie désaffectés ou carrément laissés à l'abandon. Non seulement c'est moche, non seulement cela augmente les dépenses énergétiques des riverains, mais encore et surtout, ce sont autant d'opportunité perdues de construire des logements (et des équipements) neufs et de qualité. Qui peuvent peser sur le marché du logement privé en injectant une offre supplémentaire dont le prix ne serait pas dictés par des logiques de spéculation, contrairement à certains logements privés.

Il y a encore les outils pour "socialiser" et encadrer le logement privé. Il y a des propriétaires qui voudraient bien investir dans un bien qu'ils mettent en location. Mais qui n'y parviennent pas, soit qu'ils n'en ont pas les moyens financiers, soit qu'ils n'en ont pas les capacités techniques. C'est pour ces propriétaires là que nous voulons mettre en place une Agence Immobilière Sociale, qui pourra prendre en gestion ces logements, y effectuer les travaux nécessaires, et garantir aux propriétaires un loyer légèrement inférieurs aux prix du marché mais assuré toute l'année, tout en les déchargeant des soucis quotidiens de la gestion d'un immeuble.

Nous voulons aussi aider les propriétaires privés qui portent un projet sur leur bien à le mener à bien en limitant les obstacles administratifs. Le service de l'urbanisme de Koekelberg est connu pour sa lecture très restrictive du règlement régional d'urbanisme. Nous voulons changer l'approche d'une méfiance excessive vis-à-vis de ces porteurs de projet pour entrer dans une logique d'accompagnement au plus grand bénéfice de tous.

Enfin, les outils existent pour lutter contre les immeubles vides ou insalubres. En étroite collaboration avec la Région, il est possible de mener un combat efficace contre ces propriétaires qui spéculent ouvertement sur les besoins vitaux des habitants de la commune. De la mise en place d'une taxe sur les immeubles vides jusqu'à l'expropriation, toute une série de disposition légales permettent de forcer à remettre sur le marché des logements laissés à l'abandon ou, pire encore, exploités par des marchands de sommeil. A Koekelberg, tout est à faire dans ce domaine. L'ampleur de la tâche ne nous effraye pas, bien au contraire. 

V. Mon petit plus.

Le projet socialiste est assez complet dans le domaine. Tant qu'à faire, j'ajouterais encore deux points. 

Petit 1: En vue de la création de son pharaonique projet de musée du chocolat, Pivin aurait créé une Régie Foncière communale. Fort bien. Il faut que celle-ci devienne le bras armé de la politique du logement de la commune. Placée sous l'autorité d'un échevin du logement, elle doit rassembler l'ensemble des compétences nécessaires à augmenter l'offre de logements publics. Je dis ça, je ne dis rien, mais avec un budget équivalent à celui dédié au chocolate village, la Ville de Bruxelles a construit des projets de plusieurs dizaines de logements. Le parc communal actuel en compte 50. Les moyens existent donc pour doubler ce parc! Sans compter qu'il s'agirait là d'un investissement productif en tenant compte des rentrées locatives...

Petit 2: La Région a pris une décision lourde de sens pour le secteur du logement social. Les 33 sociétés immobilières de service public doivent fusionner entre elles jusqu'à ne plus conserver que 16 "SISPs". Le seuil de "survie" d'une société est fixé à 1500 logements. Le Foyer Koekelbergeois n'en compte qu'un peu plus de 500. 
A travers toute la Région, les grandes manoeuvres ont commencé. Sauf chez nous. L'équipe en place attend. Et espère passer à travers les mailles. C'est une illusion dangereuse pour les locataires et pour les employés du foyer. Ce qui pend au nez du Foyer, c'est d'être purement et simplement absorbé par une société plus importante, qui constituerait un pôle d'attraction naturel. Par exemple le Foyer Molenbeekois et ses plusieurs milliers de logements. Quand bien même le souhait de rester indépendant se réaliserait-il par miracle, quel espoir de peser auprès de la Société Régionale du Logement - qui tient les cordons de la bourse - une micro-sisp perdue au milieu de géants aurait-elle? Pour moi, il est essentiel que la prochaine équipe aux commandes de la commune fasse preuve d'une vision stratégique dans ce dossier, pour rester maitre du destin du "FK". Une taille critique peut-être atteinte en se rapprochant d'autres sociétés de taille équivalente, avec lesquelles nous pourrions traiter d'égal à égal. Notamment Jette, Berchem et Ganshoren.

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