10 octobre 2006

Les résultats I: le local.


Au risque de paraître faire dans l'esprit de clocher - ce serait bien le comble, moi qui bouffe un curé à chaque repas - c'est par la situation ixelloise que je commencerai mon petit compte rendu.

Tout d'abord la situation à la sortie des urnes. La liste du Bourgmestre passe de 7 à 9 sièges et son chef de file, le mayeur sortant Willy Decourty remporte son défi personnel en réalisant le meilleur score en voix de préférence sur la commune (2274 suffrages). Les démocrates chrétiens du cdH réalisent la meilleure progression, doublant tout simplement leur score pour ariver à 4 sièges (+2). Le MR se maintient à 18 sièges (-1), ce qui reflète tout simplement le tranfert de Françoise Jottard vers la Liste du Bourgmestre. Un transfert qui était virtuellement opéré dès l'installation du Conseil Communal précédent. Enfin, Ecolo enregistre le recul le plus significatif, concèdant 3 sièges mais limitant finalement les dégats par rapport aux régionales de 2004.
En terme de voix de préférence, j'ai déjà signalé la victoire aux points de Willy, reste à souligner que l'ennemi héréditaire, Yves de Jonghe d'Ardoye prend une veste fourée pour l'hiver (2.324 voix, moitié moins de ce qu'il faisait en 2000). Quant à Brouhon et sa liste XL Citoyen, ils totalisent un gros milier de votes, sans gagner de strapontin au Conseil Communal. Belle performance d'Anne Herscovici, chef de file Ecolo, qui réalise le quatrième score personnel (2145).
Quant aux possibilités d'alliance, les comptes étaient vite fait, puisque tout était possible: Olivier avec le même nombre de sièges que lors de la dernière législature, bleu-vert, bleu-rouge, bleu-orange...
Le vote en Assemblée Générale sur la participation à une majorité "violette" n'aura lieu que ce jeudi, je ne m'étendrai donc pas encore sur l'accord. Mais un des arguments présentés en sa faveur serait la stabilité d'une majorité de 27 sièges sur 41 contre une autre bien plus courte de 23. L'argument vaut ce qu'il vaut, pour ma part je me soucie bien plus du rapport de forces au sein de la majorité: vaut-il mieux être hyper-minoritaires dans une majorité confortable ou faire jeu égal avec les partenaires d'une majorité moins claire?
Et du point de vue programmatique, est-il plus cohérent de s'allier avec notre anti-thèse idéologique ou de s'efforcer, dans des situations humaines pas forcément faciles, de faire avancer les dossiers qui peuvent faire l'objet de convergences?
Reste que des enseignements peuvent d'ores et déjà être tirés de ces résultats.
Premièrement, la répartition des sièges ne bouge qu'au sein de la majorité sortante. Il y a là quelque chose de doublement remarquable. Remarquable d'une part parce que cela signifie que, globalement, les ixellois n'ont pas changé d'avis depuis 2000 quant à la place que le MR devait occuper au sein du Conseil - à savoir les bancs de l'opposition. Tout au plus faut-il remarquer un rééquilibrage au sein de l'équipe sortante, Ecolo payant peut-être l'image de troublion qu'il a donné lors de différents épisodes de la vie ixelloise récente. Remarquable aussi, malheureusement, parceque le manque de clareté et de cohésion dans les campagnes de la dite équipe n'a pas permis de faire reculer la droite plus encore.
Je finirai par croire que la division des forces de progrès est une constante historique.
Deuxième point à relever dès maintenant: les 5 premiers candidats de la liste MR dépassent tous, et très facilement, les 1000 voix. Sur notre liste, j'ai déjà dit que je me réjouissait du score de Willy. Mais je constate qu'il est le seul parmi nous à dépasser ce seuil de 1000 voix. Le deuxième pointe loin derrière (688 suffrages) et il s'agit pourtant de l'ancien boxeur et actuel député régional Bea Diallo - candidat d'ouverture. Sur nos 9 élus, deux sont des candidats d'ouverture puisque le troisième score de la liste est réalisé par Pascal Dufour, candidat SP-A. Et Ans Persoons, d'Animo, ne laisse son siège à Catherine Deregnoncourt qu'à une voix!
Vous je ne sais pas, mais moi, ça me pose question, ça m'angoisse, ça m'inquiète... mais ça ne m'empêchera pas de dormir!
A demain pour l'analyse de la situation dans l'ensemble du pays!
PS: bien que je pense que tout est dans tout, je développerai sans doute dans un avenir proche un blog "à part" pour suivre les évènements ixellois. J'encourage dès maintenant les lecteurs à ne pas choisir leur camp et à suivre les deux plate-formes. De toute façon, vu le rythme de publication, ça ne devrait pas vous épuiser... ;)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello Brian,

Je suis content de lire ton commentaire des élections à XL et j'attends avec impatience celui sur le reste des résultats. J’ai juste un petit commentaire - qui ne t'étonnera certainement pas - sur ton interprétation du vote des ixellois.

Le MR arrive à faire +- 38 % des voix, et 18 sièges sur 41. De plus – comme tu le soulignes – les 5 premiers candidats de la liste dépassent les 1000 voix, et les 12 premiers dépassent 500 voix. Ce n’est évidemment pas une majorité absolue et c’est moins qu’avant 2000, mais le parti reste le premier de la commune, et je ne vois pas là une volonté manifeste de l’électeur de le maintenir « sur les bancs de l’opposition ». Penses-tu vraiment que tous les électeurs socialistes, écolos et CDH désiraient la reconduction de l’Olivier ? Les choses auraient été claires si l’ancienne majorité avait présenté une liste unique, mais ses membres sont partis à la bataille en ordre dispersé. Je crois d’ailleurs que le contraire eut été difficile étant donné l’ambiance générale de la dernière législature. Ok, c’est un commentaire partisan, mais tu signales toi-même ces problèmes… Beaucoup d’Ixellois seront sans doute très satisfaits de voir le retour de la majorité libérale-socialiste qui dirigeait Ixelles avant 2000, alors que les libéraux disposaient pourtant à l’époque d’une majorité absolue au conseil communal…

Plus largement, il ne me semble pas très sain, dans un système de scrutin proportionnel, de jeter l’interdit sur un parti démocratique, fut-il le représentant de « la droite ». Le principal intérêt de ce type de scrutin est justement de forcer les responsables politiques à s’entendre et à tenir compte des aspirations du plus de citoyens possible. Je suis convaincu que les électeurs ne se prononcent pas en fonction des stratégies politiques et idéologiques préétablies par certains dans les états-majors de parti. Le premier parti en nombre de voix et de sièges intègre la majorité communale à Ixelles, ce n’est que l’expression de la démocratie et donc du souhait de la population… Enfin, je suppose que nous auront l’occasion de poursuivre ce débat quand tu auras écrit ton commentaire sur Schaerbeek et la « trahison » d’Isabelle Durant.

André

Brian Booth a dit…

Je crois qu'il faut se décider à tordre le cou une bonne fois pour toute à une série de chose induite par le scrutin proportionnel.

Dans ce système, au risque de faire preuve d'un certain cynisme, la seule règle de base est de parvenir à réunir 50% des voix dans le conseil communal. Pas "le plus grand nombre possible". Une majorité. A partir du moment où cette majorité est atteinte, tout attelage est légitime, puisqu'il représente effectivement "le plus grand nombre". J'omets ici le "possible".

Ce constat posé, faut-il ou non jeter des exclusives? La question n'est pas d'exclure tel ou tel parti a priori mais bien de faire le choix de s'allier avec ceux qui permettent, que ce soit par leur poids relatif ou par leurs options idéologiques, de réaliser le maximum de son programme.

En ce qui concerne les alliances rouge-bleu, je constate au niveau fédéral que le projet (axé avant tout sur des avancées sociétales laïques) est épuisé. Je ne pense pas qu'il en sera autrement au niveau local. Par ailleurs, je fais remarquer en passant que pour ma part, j'ai fait campagne pour l'Olivier, et pas contre le MR.
Et pour ce qui est de l'ambiance, je préfère 1000 fois faire avancer un projet à gauche dans une ambiance difficile que de cautionner une politique de droite pépère...

Pour ce qui est du résultat du MR, je me permet de rigoler doucement quand Dufourny crie victoire parce que son parti ne s'est pas effondré. Elle a perdu une conseillère communale en début de législature et elle n'a pas réussi à récupérer le siège - soit dit en passant, la conseillère n'a pas été réélue non plus.
Comme tu le dis toi-même, le MR avait la majorité absolue en 2000. Malgré une campagne d'une rare agressivité, il ne l'a pas récupérée. Comme signalé, l'échange de sièges ne se fait pour ainsi dire qu'au sein de la majorité, qui, elle, progresse formellement.
Je ne vois pas très bien en quoi il serait tellement indispensable de le ré-associer au pouvoir.

Par contre, une deuxième législature dans l'opposition et, au vu des tensions internes pré-électives, je suis certains que l'implosion n'était pas loin. Au minimum la crise de leadership, qui aurait vu plus d'un(e) élu(e) MR quitter les bancs pour sièger comme indépendant...

Anonyme a dit…

Je n'ai jamais prétendu qu'une autre majorité à Ixelles aurait été illégitime. Comme tu le dis, Bleu-Rouge, Bleu-Vert, Bleu-orange, Arc-en-ciel, Olivier ou que sais-je encore, tout était bon avec 50% des sièges. Tu me permettras malgré tout de ne pas voir dans le résultat des élections une volonté manifeste de l’électeur de renvoyer le premier parti de la commune sur « les bancs de l’opposition ».(Je sais, je me répète, ça doit être l'âge) Quant à l’ancienne majorité, « gagnante formelle », il ne tenait encore une fois qu’à elle de se présenter unie si son projet était à ce point cohérent.

Pour le reste je ne vais pas rentrer dans un débat pour savoir quelle liste a remporté le scrutin. Comme d’habitude et comme partout, tout le monde crie victoire. Tout ça fait quand même un peu Kinderspel…

André