13 octobre 2006

Les résultats II: le global.


Avec un peu de retard dû à des réunions diverses et variées - toutes mes excuses - mon point de vue sur les résultats globaux des élections de dimanche passé.

Tout d'abord un petit rappel: couplées en Flandre et en Wallonie, les communales étaient couplées avec les provinciales. Pas en Région de Bruxelles-Capitale puisque, s'il y existe encore un, et même en l'ocurrence une Gouverneur(e), l'institution provinciale y a été supprimée lors de la scission du Brabant.
Pour la clarté du propos, je propose de passer les résultats en revue par région.
1. En Flandre.
L'enjeu principal en Flandre était bien entendu de savoir ce qu'allait réaliser le Vlaams B. et, subsidiairement, si les Démocrates-chrétiens droitistes du CD&V allaient faire ou non sauter le cordon sanitaire.
L'inquiétude était d'autant plus grande que le parti fasciste présentait pour la première fois des listes dans une série de lieux où il n'était jamais parvenu à le faire jusqu'à présent.
Et bien, finalement, on ne s'en est pas trop mal tiré.
Globalement le CD&V confirme, renforce même, son emprise sur la Flandre rurale et, à ce stade-ci, le cordon a tenu partout. A Anvers ville, le bourgmestre Patrick Janssens double le score du SP.A qui redevient le premier parti de la métropole, avec 22 sièges (+10) et plus de 70.000 voix de préférence pour son chef de file - contre 20 au VB qui stagne.
Oh! Pas encore de quoi crier victoire, loin de là, ni même de quoi baisser la garde. Mais tout de même. Si on considère d'une part que la chute spectaculaire du VLD est sans doute due au moins en partie au transfert de Hugo Coveliers - qui s'était profilé comme candidat bougmestre - vers le Vlaams Belang et, d'autre part, que ce dernier ne progresse pas, les voix excédentaires ont bien du partir quelque part: au SP. A partir du momentoù on constate que les cantons les plus touchés par le vote fasciste se trouvent dans la banlieue chic et bourgeoise d'Anvers, on peut penser qu'il y a comme un fremissement de regain d'intérêt des classees populaires pour le SP.a. Même si d'aucuns me diront, et avec raison, que le discours de notre parti frère est loin de jouer sur la lutte des classes et la révolution prolétarienne.
Constatons tout de même d'une part que, globalement, le SP progresse dans les centres urbains (voir le score de Vande Lanotte à Ostende) et, d'autre part, que le VLD se reprofile vers le centre. Son président, Bart Somers, a viré l'autre jour l'ultra-droitier populiste Dedecker, l'ex-coach fédéral de l'équipe de judo qui avait pris l'habitude de braconner sur les terres fascisantes.
2. Région de Bruxelles-Capitale.
Excellent score du PS à Bruxelles-Ville qui enregistre son record historique. A Saint-Josse, Demannez et Kir décroche une majorité absolue mais ouvre le conseil communal au CDH, leur abandonnant un échevin. A Molenbeek, le président de la fédération, Philippe Moureaux remporte son duel avec la MR Scheepmans. L'extrême droite y recule, alors qu'elle passe à 9% dans la commune voisine d'Anderlecht. Et puis... le cas schaerbeekois.
Ca mérite bien un petit paragraphe: Laurette Onkelinckx, Vice-première et Ministre de la Justice réussi relativement bien son parachutage (mieux en tout cas que Milquet à Bruxelles-Ville). Les socialistes y passent de 11 à plus de 25% des voix et 13 conseillers, ce qui n'est pas rien! Pas assez malheureusement pour éviter que les Ecolos d'Isabelle Durant décide de partir dans une coalition avec le MR - ou au moins avec le Bourgmestre Clerfayt.
On pourra toujours discuter longtemps sur l'opportunité d'une majorité assez courte. Je me suis déjà étendu sur ce que je pensais de la chose. Ce qui est certain et ce qu'il faut en tirer comme enseignement, c'est que le côté "Ecolo lave plus blanc sans phosphates", c'est du passé! Aujourd'hui, le parti de "la politique autrement" a appris à jouer le jeu avec aussi peu de scrupules que les autres. Tant mieux, tant pis, je n'en sais rien. Aussi longtemps que leur composante progressiste restera influente en son sein sur les question socio-économiques, je continuerai de les voir comme des alliés objectifs.
Le prétexte invoqué par Durant me fait tout de même rire jaune. Apparemment la locale Ecolo de Schaerbeek ne peut envisager de gouverner avec une liste qui a accueilli en son sein un militant des "Loups gris"... mais faire comme s'il n'y avait aucun héritier direct du nolsisme au MR, vaut mieux entendre ça que d'être sourd.
Ca doit tout de même ouvrir un solide débat sur la composition des listes (et le CDH gagnerait à faire le même examen de conscience, soit dit en passant). Et sur la formation idéologique des militants. La FBJS s'y colle dans un avenir très proche, je vous tiendrai au courant.
3. En Wallonie.
On nous avait promis un désastre électoral suite aux affaires à Charleroi. La montagne a finalement accouché d'une souris. Dans la province de Liège, plusieurs majorité absolue se sont trouvé confortées. A Charleroi, le recul est assez limité et je félicite les "rénovateurs" pour leurs résultats, obtenus dans un contexte difficile. A Namur, après presqe une semaine d'imbroglio, le MR a fait sauter l'accord avec le PS: ce sera l'opposition pour Anselme et une alliance entre le CDH, le MR et Ecolo. Dans le Brabant Wallon, MR et CDH (et les verts aussi, quand même) ont su s'entendre comme larrons en foire et, sans grande surprise, le PS "a dur". A la place de certains, je penserais tout de même à tirer les conséquences des résultats...
A noter que le FN n'avait même pas été fichu de suivre les procédures légales pour le dépot de ses listes en communauté française. Il a donc été privé de son sigle dans la plupart des cantons. Malgré cela, il parvient à revenir avec un ou deux conseillers dans certaines communes.
Plus surprenant, et j'espère que c'est une tendance qui pourra se confirmer, l'extrême gauche fait sa réapparition! Plus d'une quinzaine de conseillers, probablement un échevin: c'est peut-être un vote de protestation reporté des fachos aux maos... mais à choisir, je préfère ceux-là! ;)
En résumé, à quelques encablures des prochaines législatives :
Les chrétiens démocrates ont manifestement réussi à revenir dans la course et progressent un peu partout.
Il n'existe plus de tabou dans la formation des alliances: le turquoise devient aussi tendance que le violet, le rouge orangé, le rouge romain et peut-être demain, pourquoi pas le bleu marial.
En attendant, là où les majorités se sont ouvertes à un partenaire minoritaire, c'est la tendance PS-MR qui tient la corde. Surprenant alors que cette alliance là est manifestement à bout de projet au niveau fédéral.
Ok, j'ai fait dans la synthèse rapide plutôt que dans l'analyse de fond. Pour le fond, il parait qu'une petite image vaut mieux qu'un long discours, je vous convie donc à aller jeter un oeil ici.

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