Monsieur l’Echevin,
A ce jour la Région de Bruxelles-Capitale compte 33 Sociétés
Immobilières de Service Public (SISP), en charge de la gestion des quelques
30.000 logements sociaux présents sur le territoire régional.
Cette profusion de structures, qui trouve son origine dans
la longue histoire de la politique sociale du logement dans notre pays, est
considérée, à raison, comme la source de certains maux d’un secteur pourtant
crucial dans une région où la crise de l’accès au logement décent et abordable
– un droit pourtant garantit par l’article 23 de la Constitution – se fait tous
les jours plus cruelle pour une part grandissante de la population. Je rappelle
ici que les listes de candidats locataires comptent presque autant d’inscrits
que de logements sociaux existants.
C’est autant pour faciliter la vie des locataires ou des
candidats locataires que pour alléger les structures, et donc libérer des
moyens bien nécessaires dans le secteur,
que le Gouvernement régional a fixé dans son accord de majorité le principe de
réduire de moitié le nombre de SISP. Cette fusion devant s’effectuer suivant
deux lignes directrices :
-
Une
logique de seuil en termes de nombres de logements.
Parmi les 33 sociétés existantes, on constate une grande
disparité en ce qui concerne la taille du parc. L’objectif poursuivi est ici de
recréer des entités comptant au minimum 1500 logements, c’est-à-dire un volume
qui permet à la fois de maintenir une politique de proximité forte vis-à-vis
des locataires tout en rationalisant les coûts de gestion. Pour mémoire, le
désintérêt de votre majorité pour la question du logement social a maintenu le
Foyer Koekelbergeois parmi les plus petites sociétés de la Région, avec un parc
de 507 logements.
-
Une
logique de cohérence territoriale.
Il s’agit de procéder à des fusions de sociétés sur des
ensembles territoriaux cohérents, permettant de renforcer l’objectif de
rationalisation de la gestion des opérateurs locaux sans nuire à la qualité et
à l’accessibilité du service pour les locataires.
Deux piliers, donc, qui permettent de rendre la perspective
de fusion acceptable pour les communes, actionnaires majoritaires dans la
plupart de ces différentes sociétés, pour le personnel des SISP et surtout,
pour les locataires – qui restent finalement les principaux concernés.
Après bientôt trois ans de valses hésitations, de
discussions générales en tractations particulières, il me revient qu’un accord
régional est, pour l’essentiel, bouclé. Accord qui, pour 31 sociétés sur 33,
respecte les deux objectifs poursuivis. Mais – SURPRISE !! – 2 sociétés opèrent
une fusion dont la cohérence territoriale ne manquera pas de sauter aux yeux des
bruxellois, et des koekelbergeois en particulier.
Lesquelles ? le Foyer Koekelbergeois et… le Foyer
Etterbeekois. Koekelberg et Etterbeek, deux communes reliées entre elles, je
suppose, par un tunnel secret, creusé discrètement à la petite cuillère dès la nuit tombée par MM Pivin et De Wolf, sous
Bruxelles-Ville et sous Molenbeek...
Je vous épargnerai, M. L’Echevin, la peine – et le ridicule –
de trouver une explication rationnelle à cette anomalie dans le paysage
bruxellois : le fait que les libéraux font passer ici un intérêt partisan
avant l’intérêt général et surtout avant l’intérêt des locataires crèvent
tellement les yeux que cela en est pathétique.
Par contre, l’existence même de cet accord exige qu’une
série de balises soient posées pour essayer de limiter les inévitables dégâts.
C’est l’objet de mon interpellation de ce soir.
La première question est une question technique, mais qui n’est
pas sans importance pour l’avenir du patrimoine bâti sur le territoire de la
commune. IL s’agit de la composition du futur conseil d’administration de cette
nouvelle SISP. Comment seront répartis
les postes d’administrateurs entre les deux entités ? Suivant une clé de
répartition tenant compte du nombre de logements respectifs des sociétés
fusionnantes ? Suivant le Prix de Revient Actualisé des différents
patrimoines ? Une autre formule et, si oui, laquelle ?
La seconde est étroitement liée à cette première question.
Les subsides régionaux, qui financent aujourd’hui aussi bien les projets de
cohésion sociale que les programmes de rénovation ou d’entretien des logements,
seront redistribués entre les nouvelles entités. Quelles garanties
apportez-vous que les priorités d’investissement du Foyer Koekelbergeois seront
maintenues et pérennisées dans le cadre de la fusion ?
Troisième question, qui entre dans le cœur de la question
sociale du dossier, la question du personnel. Quelles garanties apportez-vous
que l’ensemble du personnel actuel du Foyer sera maintenu dans ses
fonctions ? Suivant quel statut ? Une concertation a-t-elle déjà eu
lieu avec leurs représentants ? Si oui, quelles en sont les
conclusions ?
Quatrièmement, le service à la population. On peut
s’attendre à ce que la logique de la fusion appelle un redéploiement des
différents services et en particulier des services administratifs. L’ensemble
des services administratifs aujourd’hui accessibles aux locataires seront-ils
maintenus de manière permanente sur le territoire de la commune ? Il
serait parfaitement inacceptable que des locataires qui voudraient, par
exemple, contester leur décompte de charges soient contraints – en dehors d’une
éventuelle période de permanence hebdomadaire ou que sais-je ? – de se
déplacer jusqu’à Etterbeek pour obtenir un renseignement ou un document
administratif. Même en empruntant le tunnel sous Bruxelles Pivin – De Wolf. Inversement,
on imagine mal la logique de voir des services techniques ou de maintenance
traverser la moitié de la Région pour effectuer une réparation urgente dans un
logement koekelbergeois !
Reste encore des questions qui touchent aussi à
l’attribution des logements : aujourd’hui, les candidats locataires
s’inscrivent auprès d’une société de référence. Comment seront traités les
candidats inscrits auprès du foyer koekelbergeois, montrant ainsi leur volonté
de s’implanter dans notre commune ? Se verraient-ils contraints d’accepter
un logement sur Etterbeek après fusion des registres ?
Vous le voyez, les questions que posent votre petit
arrangement entre amis sont nombreuses (je n’en donne ici qu’un petit aperçu)
et certainement pas sans conséquence sur la vie des locataires et des employés
du Foyer.
Je pense que ces questions méritent un large débat au sein
du Conseil Communal, qu’un éventuel protocole d’accord entre les deux entités
devrait, le cas échéant être soumis au vote de ce Conseil avant d’aller plus
loin dans la démarche. Je rappelle que des solutions alternatives existent et méritent
d’être étudiées sérieusement, notamment du point de vue de la cohérence
territoriale.
Je suis impatient d’entendre vos réponses à ce sujet.
Brian BOOTH
Conseiller Communal PS.
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