Bien, de retour à Bruxelles, quelques mots supplémentaires sur le week end que je viens de passer à La Rochelle.
Et tout d'abord, encore un grand merci aux camarades du MJS France pour leur accueil, leur enthousiasme militant et leur sens de la fête... Antoine, Benoit, Etienne, Estelle et toute la clique, c'est toujours un plaisir de mener des activités politiques avec vous.
Reprenons dans l'ordre. Le thème de l'univ d'été du MJS France: "Droit d'inventaire, Devoir d'invention". Après la défaite de Ségolène aux dernières présidentielles, les désertions diverses et variées et les engueulades internes dont le PS français a le secret, le MJS semble vouloir sortir de la période d'auto-flagellation de son parti-mère pour préparer la suite des évenements.
Une excellete idée s'il en est. Mais après ces trois jours d'observation, je dirais que c'est pas gagné d'avance. Premier signe: la traditionnelle rencontre MJS / François Hollande pour sa dernière univ d'été comme premier secrétaire du parti. Pas de réponse à la question "quel est ton bilan après 10 ans aux commandes du parti?", une profession de foi dans les vertus du marché ("du marché autant qu'il en faudra" tempéré - tout de même! - par un vague "mais pas dans tous les secteurs" ce qui laisse pas mal de marge pour le recul du public...), ...
L'impression générale est que, pour les militants socialistes présents comme pour les cadres, la rénovation du parti passera par la réforme de la structuration du parti. Souvent visés: les courants qui traversent le PS français et cristalisent les opositions internes autour de l'une ou l'autre figure de proue. Pour certains, l'abolition de cette forme d'organisation permettrait de réunir tout le monde autour d'un projet commun. Quand on pense à ce qu'a été le processus d'unification du PS français et quand je vois ce à quoi mène le système majoritaire en place chez nous, je crois que les partisans de cette solution s'engagent sur la mauvaise voix. Enfin, les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Deuxième sujet d'inquiétude: l'atelier "quelles stratégies de conquête majoritaire chez nos camarades du PSE". Animé par Alain Richard (MEP), il faisait intervenir des représentants du PSOE, de la DS italienne et du SPD allemand. Soit deux représentants de parti en coalition avec les chrétiens ou carrément en voie de fusion avec eux et un troisième uni derrière un projet éthique impeccable mais plus flou sur les options économiques (et dont il faut bien dire que le succès initial est sans doute plus lié aux attentats de Madrid qu'à son programme, n'en déplaise à certains). Je reviendrai ailleurs sur le cas italien.
Avec toujours cette forme de nombrilisme hexagonal. Et le regret de ne pas élargir la discussion plus loin. Le nombre de parti socialistes au gouvernement en Europe est ridiculement faible, est-ce qu'on s'est demandé si certains n'étaient pas dans l'oposition en utilisant pourtant les mêmes recettes que ceux qui se sont maintenus au pouvoir? Et, cerise sur le gâteau, des doutes clairement exprimés par Richard sur la construction d'une europe fédérale.
Puis un atelier plus encourageant (organisé par le MJS) sur l'afrique des grands lacs et la politique française de coopération au développement. Si la Françafrique est clairement remise en cause, il reste cependant à réfléchir à une politique de coopération qui soit réellement axée sur l'autonomisation des peuples plutôt que sur le maintien d'une sphère d'influence nationale.
Enfin, les discours de cloture. Celui de Razzye, tout d'abord. Surprenant de l'entendre remercier à la tribune le parti pour l'autonomie du MJS - mais soit. Excellente intervention sur le devoir pour notre génération de "refermer la parenthèse de 1920". Maintien à l'agenda des questions relatives au pacte de stabilité. Et surprenant intérêt particulier sur la Tunisie. Je ne veux pas dire que la Tunisie n'est pas une question sur laquelle il faut se pencher, mais bien que c'est l'ensemble des relations Europe Méditerranée qui doivent être approchées en profondeur. Ne fut-ce que d'un point de vue énergétique, ça vaut le détour. D'accord don sur la relance du processus de Barcelone.
Long discours de Hollande. Et puis retour à la maison.
Conclusion? Il y a clairement pour moi un problème d'identité pour la gauche socialiste en Europe. Et la crise que traverse le PS français en participe. Et si je me réjouis que les signaux à La Rochelle vont vers la reconstruction d'une gauche plus large et plus unie, je crains que cette volonté ne reste lettre morte si elle se limite à un raprochement d'apareils. Ce qui fait la force d'un parti de gauche, c'est sa capacité à être un parti de masse et à travailler avec les autres organisations de masses qui partagent ses options politiques. Pour faire avancer le schmilblick dans la direction proposée, le PS français devra d'abord être capable d'ouvrir ses portes aux français dans un processus d'adhésion important et surtout être capable de raisonner en dehors de la seule sphère du personnel politique gouvernemental. Les grands absents de ce week-end étaient, encore une fois, les organisations syndicales (quand bien même on ne puisse pas dire que nos voisins d'outre-quiévrain se caractérisent par un taux de syndicalisation particulièrement élevé non plus, hélas...)
1 commentaire:
Merci d'être venu nous rendre cette visite. C'est très intéressant d'avoir un regard extérieur sur ces quelques jours traditionnels que nous passons chaque année à La Rochelle.
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