11 octobre 2012

Parlons de fond - Acte 2

Suite promise de cette série sur les points saillants du programme et les enjeux de la campagne communale à Koekelberg.

Vu le sujet du jour, on va tout de suite commencer par une mise au point. Chaque fois que je discute avec quelqu'un dans cette campagne, au bout de maximum 5 minutes de conversation, on me pose LA question. "Vous avez des enfants, monsieur?"

A ce moment là, je dois l'avouer, il me faut souvent mobiliser des générations de culture britannique pour garder tout mon flegme. Et juste répondre poliment "Non, madame/monsieur (biffez la mention inutile)". Même si l'envie est grande de rappeler trois choses, puisqu'en campagne, il semble difficile de maintenir une cloison étanche entre vie privée et activité de candidat. Petit 1, que le mode de reproduction humain étant fort éloigné de celui de l'hydre d'eau douce, je me trouve incomplètement équipé pour avoir des enfants tout seul (c'est un détail, mais enfin, puisqu'on me pose la question). Petit 2, qu'à ma connaissance, il ne faut pas être un steak haché en puissance pour défendre les vertus du végétarianisme. Et que d'ailleurs, petit 3, Condorcet n'a eu son unique enfant qu'à 50 balais passés, à peine un an ou deux avant de passer à la guillotine, et ça n'empêche pas de le considérer comme le père de l'instruction publique moderne.

Mais bref, déjà je m'égare. Vous l'aurez compris, aujourd'hui, je vous parle de la petite enfance et de l'instruction publique.

I. De quoi on parle?
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Au risque de me répéter, ce dont on ne me voudra pas vu le rythme de publication, Koekelberg est donc parmi les communes de la Région qui affrontent déjà un défi démographique annoncé sur toute la RBC d'ici à 2020. Cela se marque de façon très nette dans quelques données sur la structure de la population.

Sur un peu plus de 20.000 habitants inscrits, plus de 3200 sont agés de moins de 18 ans. 16%, excusez du peu. Avec ses 36 ans d'âge moyen, le Koekelbergeois est 2 ans plus jeune que le Bruxellois moyen. Il est aussi 4 ans plus jeune qu'il y a 10 ans de cela. Plus fort que Benjamin Button.

Si on ajoute à cela un autre phénomène propre à notre commune, à savoir que plus de gens quittent Koekelberg qu'il n'y en a qui viennent s'y installer, et si on veut bien constater que la population s'accroît de 3% par an, on arrive forcément à un constat simple : depuis 10 ans, Koekelberg se couvre de gamins.

Suivant les choix qui seront faits, ce peut-être une opportunité magnifique pour la commune ou une bombe à retardement dont l'explosion accentuera encore les tensions existantes entre le haut et le bas.

II. Le (non) bilan de l'équipe Pivin

Je ne voudrais pas me faire accuser de procès d'intention, mais j'ai suffisamment de respect pour mes adversaires politiques pour penser que les évolutions soulignées ci-dessus ne leur ont pas échappées. Ils sont libéraux, pas autistes. Et quand bien même ce serait le cas, le Gouvernement Picqué leur aura bien mis le nez dessus lorsqu'il a lancé son plan de financement pour de nouvelles écoles, puis pour celui de nouvelles crèches.

Et pourtant... Pourtant, en 6 ans, en tout et pour tout, 30 places ont été créées en crèche. Portant péniblement le taux de couverture à 15,4%. Contre 31% dans le reste de la Région. Traduction : les crèches de Koekelberg sont capables d'accueillir un enfant sur six seulement. Ailleurs, on atteint 1 bébé sur 3, un taux qui n'empêche déjà pas de se dire qu'il faut réserver une place en crèche après chaque tentative de conception, histoire d'avoir une chance au cas où. Chez nous, j'imagine qu'on gagnerait à se porter candidat à sa sortie du secondaire, on n'est jamais trop prudent.

Et pourtant... Pourtant, la majorité sortante n'a pas jugé utile de déposer un dossier dans le cadre du plan Picqué pour construire de nouvelles écoles. Toutes les communes voisines ont bénéficié de ce plan et verront leur capacité d'accueil scolaire augmenter. Et ici? Scholl, bucht en brol sur fond d'azur. On a envie de pleurer en passant devant la façade de l'ARK côté Lepreux. Mais donner un cadre scolaire correct à vos enfants est sans doute moins prioritaire que de les édifier avec le riche passé industrialo-chocolatier de la commune, cet âge d'or perdu durant lequel un jeune sur quatre dans la commune n'était pas condamné au chômage.
Les parents qui ne trouveraient pas de place dans l'enseignement public local, saturé, sont donc priés d'aller voir ailleurs si l'herbe n'est pas plus verte. Que ce soit dans le réseau libre confessionnel s'ils y parviennent. Ou alors dans les communes voisines. Si j'en crois mes camarades Molenbeekois, un nombre de plus en plus important d'élèves du secondaire sur leur commune sont domiciliés dans la nôtre.

Bref, dans le domaine, la politique menée par l'administration Pivin relève au mieux de l'autruche, au pire d'une stratégie de pourrissement. Soit ils pensent qu'en niant un changement qui dépasse de loin le cadre de notre seule commune, ils arriveront à le conjurer. Soit ils espèrent l'enrayer en limitant l'attrait de la commune par un refus délibéré d'investir dans des infrastructures essentielles au bien être de la population et donc au vivre ensemble. A moins qu'ils ne comptent sur les autres communes bruxelloises pour faire le boulot à leur place, ce qui n'est ni viable ni glorieux.


III. Le Projet Socialiste

Si les socialistes ne pensaient pas qu'une autre politique est possible, ils ne se fatigueraient pas à présenter une liste et un projet. 

Dans un premier temps, et vu la pénurie dont hériterait une nouvelle majorité, l'urgence est d'objectiver l'attribution des places d'accueil pour la petite enfance. Comme pour les logements communaux, il faut un règlement d'attribution équitable et transparent afin que cessent les attributions "à la tête du client". 
L'augmentation du nombre de places étant évidemment le deuxième point, il serait absurde de prétendre parvenir à augmenter la capacité d'accueil en gestion "pure publique" en un clin d'oeil. Nous souhaitons donc mettre en place un service d'accompagnement aux personnes qui souhaitent devenir accueillantes d'enfants encadrées. Cela pour faciliter leurs démarches, mais également garantir que les enfants sont accueillis dans les meilleures conditions. 

En passant, je souligne également les propositions protant sur le soutien aux parents: nous souhaitons les accompagner dans la jungle administrative et les aider à s'orienter au mieux parmis les nombreux services de soutien existants. 

En ce qui concerne l'enseignement communal, en particulier dans le primaire, les classes explosent. Il faut mobiliser les moyens nécessaires, en ce compris régionaux, pour résoudre ce problème d'accès. C'est indispensable si nous souhaitons conserver à l'école son rôle émancipateur. La réussite des projets que nous portons au niveau du renforcement des compétences passe nécessairement par une meilleure capacité d'accueil. Dès la première année du primaire, l'accent doit être mis sur le langage et les mathématiques, mais également sur l'initiation aux Technologies de l'Information et des Communications (TIC). Lesquelles constituent d'ailleurs des outils puissant pour donner aux plus jeunes le goût des langues étrangères. Langues étrangères que nous souhaitons également favoriser par le biais de classes d'immersion. 

L'investissement dans les infrastructures scolaires ne serait d'ailleurs pas réalisé au seul bénéfice des élèves. En dehors des temps scolaires ou de remédiation, elles devraient être rendues accessibles au tissu associatif local. 

IV. Mon petit plus.

Ce doit être mon côté internationaliste primaire, mais je pense que les écoles communales et les athénées présents sur le territoire ne bénéficient finalement pas ou peu des jumelages de la commune. Que ce soit pour la pratique des langues ou tout simplement pour renforcer l'esprit d'ouverture sur le monde qu'il appartient à l'instruction publique de donner à chacun, je suis d'avis qu'il serait souhaitable de travailler avec les équipes pédagogiques ici et là-bas pour tirer des liens privilégiés que Koekelberg entretient avec d'autres collectivités territoriales un véritable bonus pour sa jeunesse scolarisée.

J-3: la pression monte, je vous laisse pour le moment!


 

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