A part peut-être Tommy, le héros autiste de l'opéra rock des Who, tout le monde aura compris que l'Europe fêtait le week-end passé les 50 ans du traité de Rome, son certificat de baptême en quelque sorte.
Et pour l'occasion, on allait voir ce qu'on allait voir, tout le monde allait mettre les petits plats dans les grands pour une teuf diffusée en mondiovision (merci la directive télé numérique) à faire pâlir de jalousie les hots d'or et la cérémonie des oscars réunis.
Et bien, ça n'a pas raté: on a vu. Un spectacle qui sonnait malheureusement comme une splendide allégorie de l'Etat de l'Union. Deux maîtres de cérémonies hésitants, parlant un langage que tout le public ne comprenait pas (français et néerlandais + à l'occasion un sabir qu'on aurait honte de qualifier d'anglais), demandant à de parfaits inconnus aux qualités musicales douteuses ce qu'ils pensent de l'Europe, le tout devant un public divisé en plusieurs catégories. La première, sévèrement controlée - protégée? - par un cordon policier, relativement à l'aise aux premières loges mais complètement isolée du reste. Une cage dorée puisqu'impossible de pénetrer dans cette enceinte avec des boissons, pas de bar dans l'enceinte et pas moyen de la réintégrer une fois qu'on est allé se mêler à la plèbe brassiphage. Ne cherchez pas, c'est un néologisme.
La seconde, la plus nombreuse, se fichant fichant éperduement d'artistes pour la plupart ringards, inconnus ou en play-back intégral, et qui se demandait sans doute ce qu'elle foutait là ou à tout le moins où était la fête populaire qu'on lui avait promis.
Et pour clore la "fête", deux petards mouillés en guise de "grrrrrrand feu d'artifice". Puis Fabienne Vandemeersche pour lancer à la foule: "Rentrez chez vous, la fête est finie!" Toute la délicatesse d'une injonction de police. Un instant, on aurait cru entendre de Donnea.
Et les autres célébrations n'avait pas l'air plus folichonnes. La semaine précédente, les syndicats européens prenaient acte, à Rome, de la naissance d'une nouvelle structure internationale syndicale tout entier tourner vers la situation russe, dans l'indifférence la plus générale.
Rome, où les travailleurs n'auront fait que croiser, probablement à l'aéroport, les délégués au "sommet de la jeunesse", venus s'écouter parler de l'avenir de l'Union - à en juger par le speech de Bettina, ce n'est pas forcément que le niveau eut été mauvais mais qui y avait-il pour entendre la voix des moins de 30 ans?
Pas les principaux chefs d'Etats, en tout cas, qui se réunissaient quant à eux, aux mêmes dates, à Berlin. La communication ne devait pas être meilleure là-bas, au vu de la déclaration plutôt molle de la branche sur laquelle ils se sont entendus: peace and democracy sur toute la ligne. Fascinant.
Bon, je m'arrête là: vous aurez compris que tout ça m'énerve au plus haut point. Je suis un euro-optimiste des plus convaincus. Et c'est bien pour ça que je ne peux qu'enrager de voir le projet le plus ambitieux de l'histoire récente patauger lamentablement. Faute d'ambition, faute de volonté politique, faute d'altruisme, faute du manque pour le moment de tout ce qui donne envie de se vider les trippes au service d'un idéal. Faut que ça change! Et c'est bien parce que je crois à la capacité du politique à changer les choses que je me rends avec le MJS au congrès d'Ecosy qui se tient à Varsovie à partir de demain et jusque dimanche.
Mon organisation y brigue un mandat de Vice-président (au nom du Bénélux) pour les deux ans à venir. On espère bien parvenir à y imposer une vision de gauche de l'Europe, et à créer des coopérations toujours plus fortes avec les uns, des consensus acceptables et fonctionnels avec les autres, pour que demain ECOSY fasse entendre plus fort une voix progressiste à travers toute l'Union - et montrer la voie à cette dernière!