07 novembre 2006

De retour de Finlande

Pour ceux qui s'en inquiétaient, mes mains sont intactes, je peux donc prendre quelques minutes pour une rapide évaluation du Bureau d'Ecosy qui s'est achevé samedi soir (ce qui est remarquable: d'habitude les votes se font le dimanche matin, compte tenu d'agenda très chargés).
Plusieurs intervenants interessants dans le cadre du rapport sur le Modèle Social Européen, notamment en ce qui concerne les différentes cultures et situations syndicales dans les 25 états membres. Camarades, réjouissez-vous: la Belgique a été prise comme exemple de Paradis syndical. Faudra que j'en touche un mot à ma délégation...
Pour le reste, je suis disons... un peu partagé. Tout d'abord, je regretterai que Philippe Cordery ait du se décommander: pour une organisation de jeunesse, fut-elle internationale, la rencontre avec le secrétaire général du parti est toujours un moment interessant, ne serait-ce que pour "prendre la température" sur certain sujets. En l'occurrence, j'aurais aimé pouvoir débattre de la question de l'adhésion directe au PSE - Ecosy devrait aller plus loin que la parti dans cette matière, c'est bien le moins pour une orga qui se veut fédéraliste - et profiter de son éclairage sur la question du SMER slovaque.
Ce dossier justement laisse un goût un peu amer. Bien sur, je me réjouis qu'après bientôt 6 mois, nous ayons pu entendre une condamnation de la mise en place de la coalition SMER-SNS-HZSD. En ce qui concerne les positions, par contre, nous n'avons assuré que le service minimum - et cela reste inquiétant. Heureusement, Ecosy s'est clairement engagé à se réveiller dans la lutte anti-fa: au cours du prochain mandat (il est juste derrière la porte), ce sera un des axes de travail de l'organisation.
Par ailleurs, l'attitude sur certains points dans le chef du Présidium ne manquent pas de m'étonner. Ainsi du refus d'adopter des résolutions de soutien à des organisations membres sur certains sujets. Bien entendu, les Bureaux deviendraient vite ingérables si on devait commencer à voter 12.000 résos sur "la qualité des vins de bordeaux dans les réunions ministérielles du Gouvernement wallon" ou "la normaisation des températures des saunas dans le district de Stockholm".
Mais dans le cas de résos portant sur des revendications communes et dans le cadre de la formation de gouvernements nationaux, j'avoue ne pas comprendre. Ici, c'est une demande de soutien des étudiants socialistes autrichiens du VSSTÖ dans leur combat contre l'instauration du minerval à l'entrée de l'enseignement supérieur qui est passé d'une portée très pragmatique à une résolution excessivement générale.
On peut bien sur considérer que le rôle d'Ecosy se borne à celui d'un groupe de pression au niveau international. Peut-être le MJS belge a-t-il trop d'ambitions, mais pour nous il ne peut se résumer à cela. Plus qu'une coordination, Ecosy est l'héritier d'une tradition de solidarité internationale socialiste, pour laquelle les frontières étatiques ne conditionnent pas le champ d'action politique des militants. Il est naturel de souligner avec force que les camarades défendant une position, que ce soit face à leur gouvernement ou face à leur "parti-mère", ne sont pas seuls dans le rapport de force et que leur voix dépasse de loin celle de leurs seuls membres. Quand bien même on ne voudrait adopter qu'un point de vue purement stratégique, il est tout aussi évident que, au vu du fonctionnement actuel de l'Union Européenne, les revendications déposées au niveau européen ont d'autant plus de chances d'aboutir qu'un nombre important d'états membres les voit comme autant de points signifiants de leur agenda national.
Plus surprenant encore, la façon dont certains limitent volontairement leur point de vue en adoptant l'acception la plus étroite de certains termes. Un exemple? L'avortement ne doit pas être appelé "droit de l'homme" dans une motion, puisqu'il n'est pas repris dans la liste dressée par les Nations Unies. Le point de vue le plus légaliste prévaut - que les droits de l'homme soient un concept philosophique, politique et juridique issu des lumières, tout cela semble tout à coup bien secondaire. Au mieux, est-on prêt à accepter que "l'avortement devrait être retenu comme un droit de l'homme". Merci beaucoup, messieurs-dames!
Ecosy est une idée extraordinaire et les membres fondateurs étaient des visionnaires. Le projet reste fantastique mais demande un boulot monstre et un entousiasme à toute épreuve pour en faire plus que la simple juxtaposition de ses organisations membres. On y croit!

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