22 janvier 2007

en regardant le 12 minutes de la RTBF...


Dans un moment de désoeuvrement, je me suis livré hier soir à un exercice plutôt rare. Une petite séance de zapping. Il faut dire que je n'ai pas la télédistribution et ne capte que deux chaines, donc c'est quelque chose qui va assez vite.
Sur la Une, une émission hommage à Salvatore Adamo. Zap. Sur la Deux, un journaliste que je ne connais pas présente le "12 minutes". L'essentiel de l'info du jour en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Fin du zapping, début de la réflexion.
Donc, premier enseignement: l'essentiel de l'info, c'est notamment le résultat du Standard (3-1 contre Lokeren et la 3ème place du championnat. Tout le monde s'en fout, sauf Tome). Mais ce n'est pas le résultat des ultra-nationalistes Serbes au cours des législatives tenues ce week-end. Pourtant, après les résultats en Pologne, en France, au Royaume-Uni, en Slovaquie et chez nous, on pourrait s'offrir le luxe d'un reportage sur cette nouvelle poussée fascisante. Soit.
Autre réflexion, un reportage sur le Darfour se terminait sur ce commentaire: "seulement il y a cette foutue (sic) rebellion qui veut sa part [des revenus pétroliers]". Ne comptez pas sur moi pour reprocher à la RTBF un quelconque manque d'objectivité. Au contraire, en tant qu'historien, l'objectivité, je n'y crois pas. La presse, quelle qu'elle soit, ne donnera jamais qu'un témoignage orienté. Tant qu'à faire, autant qu'il le soit clairement.
Mais par contre, je regrette que le reportage en question ne donne pas les éléments pour se faire une opinion propre sur l'avis du journaliste. Pour ou contre les rebelles, pour ou contre le Gouvernement, je ne me suis pas fait de religion sur la question. Enfin bon, fallait tout traiter en 12 minutes, et le Standard n'attend pas.

19 janvier 2007

Silence, on tue!


Je devais encore vous parler de l'extrrême droite au Parlement Européen, de la blogosphère belge de gauche en sortant de l'ascenseur et de l'incitation à la fraude fiscale lancée par la dernière ministre Ecolo du pays. Sans compter mes dernières acquisitions en matière de bande dessinée ou la date des prochaines législatives. Mais ce sera pour une autre fois: à chaque jour suffit son urgence!

Et l'urgence du jour est urgente depuis février 2003. Comme le rappelle, pour rapide introduction, deux articles du Monde Diplomatique, on en était déjà en juin 2006 à plus de 4 millions de personnes déplacées hors de cette région du Soudan, dans un conflit qui a longtemps menacé de s'internationaliser - avant de prendre toutes les allures du génocide pur et simple. Et, comme à l'accoutumée, la communauté internationale a réagi avec toute la détermination d'un banc de moules asthmatiques: tardive résolution de l'ONU, tergiversations sans fin autour du déploiement de casques bleus, etc.

Ce dimanche 21 janvier, veille d'une réunion des ministres européens des affaires étrangères, plusieurs personnalités politiques, dont les camarades Pierre Galand et Jean Cornil, appellent à manifester pour réclamer une intervention claire de l'Europe dans ce dossier.

Le MJS soutient la démarche et vous fixe rendez-vous dimanche 21, à 11h, au rond-point Schuman. Venez nombreux faire entendre votre voix!

18 janvier 2007

Fin de course pour le Tagawa...


Après un post destiné à l'édification de votre culture socialiste, revenons à quelque chose de bien ancré dans le réel.
Je vous ai déjà parlé du Tagawa, hotel bien connu des bruxellois pour avoir été occupé par des "mal-logés" (késako?? politiquement correct, pouah!), organisés dans l'ASBL 321 logements.
En dépit de la convention précaire qui les lient au propriétaire, les occupants avaient été priés de "déguerpir sans délais": voila qui a été confirmé par la justice, qui condamne en plus le collectif à verser quelques 18.600 euros au propriétaire - qu'on ne qualifierait pas spontanément de nécessiteux, mais c'est un autre problème.
Au niveau des portes de sortie, l'horizon n'est pas radieux. Le Foyer Ixellois s'est mis tout seul sur la touche en prenant pour ligne de n'accorder aucune dérogation au régime d'attribution de logements. Quant au CPAS de Bruxelles-Ville, il refuse d'envisager une soltion collective. Le salut ne viendra pour les plus chanceux que d'un examen de dossier individuel.
Une attitude qui est de plus en plus celle des pouvoirs publics face aux individus dans une situation précaire: ce n'est pas sans rappeler la ligne de Dewaele face aux sans papiers.
En attendant, 35 personnes vont se retrouver à la rue en plein milieu de l'hiver. Un immeuble jusque là maintenu en état grâce aux investissements réalisés par le collectif va de nouveau se retrouver à l'abandon et ira grossir la cohorte des logements vides de la Région, sans que les autorités ne s'en émeuvent suffisamment que pour prendre des mesures radicales.
Pour ceux qui se posaient encore la question, c'est maintenant officiel: le droit au logement, c'est du vent. Le seul droit qui compte, c'est celui à la propriété privée.
Vivement une révision de la Constitution en faveur du droit à UN logement!

11 janvier 2007

Einstein: Pourquoi le Socialisme



On va m'accuser de faiblesse et de recyclage à bon marché. Ou alors les esprits grincheux et un peu flemmards vont dire "non seulement il ne produit pas lui même, mais en plus il copie/colle des textes longs comme le bras pas du tout adaptés au format blog". Et je serais bien en peine de donner tord à qui que ce soit.

En attendant, c'est un texte fameux qu'il ne fait pas de mal de relire de temps à autre même si on ne le trouve pas partout non plus. Donc, paf, en avant, c'est parti. Bonne lecture et j'espère des commentaires (on peut rêver).

Albert Einstein, Pourquoi le socialisme ? , Conceptions scientifiques, morales et sociales, Bibliothèque de philosophie scientifique, Flammarion, Paris, 1952, pp. 125-132.


Pourquoi le socialisme ?


Est-il convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme ? Pour de multiples raisons je crois que oui.


Considérons d’abord la question au point de vue de la connaissance scientifique. Il pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre, l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grands États dans l’histoire doivent leur existence aux conquêtes. Les peuples conquérants se sont établis, légalement et économiquement, comme classe privilégiée du pays conquis. Ils se sont attribués le monopole de la terre et ont créé un corps de prêtres choisis dans leur propre rang. Les prêtres, qui contrôlèrent l’éducation, érigèrent la division de la société en classes en une institution permanente et créèrent un système de valeurs par lequel le peuple fut dès lors, en grande partie inconsciemment, guidé dans son comportement social.


Mais la tradition historique date pour ainsi dire d’hier ; nulle part nous n’avons dépassé ce que Thorstein Veblen appelait " la phase de rapine " du développement humain. Les faits économiques qu’on peut observer appartiennent à cette phase et les lois que nous pouvons en déduire ne sont pas applicables à d’autres phases. Puisque le but réel du socialisme est de dépasser la phase de rapine du développement humain et d’aller en avant, la science économique dans son état actuel peut projeter peu de lumière sur la société socialiste de l’avenir.
En second lieu, le socialisme est orienté vers un but éthico-social. Mais la science ne peut pas créer des buts, encore moins peut-elle les faire pénétrer dans les êtres humains ; la science peut tout au plus fournir les moyens par lesquels certains buts peuvent être atteints. Mais les buts mêmes sont conçus par des personnalités animées d’un idéal moral élevé et — si ces buts ne sont pas mort-nés, mais vivants et vigoureux — sont adoptés et portés en avant par ces innombrables êtres humains qui, à demi inconscients, déterminent la lente évolution de la société.

Pour ces raisons nous devrions prendre garde de ne pas surestimer la science et les méthodes scientifiques quand il s’agit de problèmes humains ; et nous ne devrions pas admettre que les spécialistes soient les seuls qui aient le droit de s’exprimer sur des questions qui touchent à l’organisation de la société.

D’innombrables voix ont affirmé, il n’y a pas longtemps, que la société humaine traverse une crise, que sa stabilité a été gravement troublée. Il est caractéristique d’une telle situation que des individus manifestent de l’indifférence ou, même, prennent une attitude hostile à l’égard du groupe, petit ou grand, auquel ils appartiennent. Pour illustrer mon opinion je veux évoquer ici une expérience personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et d’un bon naturel sur la menace d’une autre guerre, qui, à mon avis, mettrait sérieusement en danger l’existence de l’humanité, et je faisais remarquer que seule une organisation supranationale offrirait une protection contre ce danger. Là-dessus mon visiteur me dit tranquillement et froidement : " Pourquoi êtes-vous si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ? "

Je suis sûr que, il y a un siècle, personne n’aurait si légèrement fait une affirmation de ce genre. C’est l’affirmation d’un homme qui a vainement fait des efforts pour établir un équilibre dans son intérieur et qui a plus ou moins perdu l’espoir de réussir. C’est l’expression d’une solitude et d’un isolement pénibles dont tant de gens souffrent de nos jours. Quelle en est la cause ? Y a-t-il un moyen d’en sortir ?

Il est facile de soulever des questions pareilles, mais il est difficile d’y répondre avec tant soit peu de certitude. Je vais néanmoins essayer de le faire dans la mesure de mes forces, bien que je me rende parfaitement compte que nos sentiments et nos tendances sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils ne peuvent pas être exprimés dans des formules aisées et simples.

L’homme est en même temps un être solitaire et un être social. Comme être solitaire il s’efforce de protéger sa propre existence et celle des êtres qui lui sont le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses facultés innées. Comme être social il cherche à gagner l’approbation et l’affection de ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler dans leurs tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est seulement l’existence de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine dans quelle mesure un individu peut établir son équilibre intérieur et contribuer au bien-être de la société. Il est fort possible que la force relative de ces deux tendances soit, dans son fond, fixée par l’hérédité. Mais la personnalité qui finalement apparaît est largement formée par le milieu où elle se trouve par hasard pendant son développement, par la structure de la société dans laquelle elle grandit, par la tradition de cette société et son appréciation de certains genres de comportement. Le concept abstrait de " société " signifie pour l’individu humain la somme totale de ses relations, directes et indirectes, avec ses contemporains et les générations passées. Il est capable de penser, de sentir, de lutter et de travailler par lui-même, mais il dépend tellement de la société — dans son existence physique, intellectuelle et émotionnelle — qu’il est impossible de penser à lui ou de le comprendre en dehors du cadre de la société. C’est la " société " qui fournit à l’homme la nourriture, les vêtements, l’habitation, les instruments de travail, le langage, les formes de la pensée et la plus grande partie du contenu de la pensée ; sa vie est rendue possible par le labeur et les talents de millions d’individus du passé et du présent, qui se cachent sous ce petit mot de " société ".

Il est, par conséquent, évident que la dépendance de l’individu de la société est un fait naturel qui ne peut pas être supprimé — exactement comme dans le cas des fourmis et des abeilles. Cependant, tandis que tout le processus de la vie des fourmis et des abeilles est fixé, jusque dans ses infimes détails, par des instincts héréditaires rigides, le modèle social et les relations réciproques entre les êtres humains sont très variables et susceptibles de changement. La mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de communication orale ont rendu possibles des développements parmi les êtres humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements se manifestent dans les traditions, dans les institutions, dans les organisations, dans la littérature, dans la science, dans les réalisations de l’ingénieur et dans les œuvres d’art. Ceci explique comment il arrive que l’homme peut, dans un certain sens, influencer sa vie par sa propre conduite et comment, dans ce processus, la pensée et le désir conscients peuvent jouer un rôle.

L’homme possède à sa naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous devons considérer comme fixe et immuable, y compris les impulsions naturelles qui caractérisent l’espèce humaine. De plus, pendant sa vie il acquiert une constitution culturelle qu’il reçoit de la société par la communication et par beaucoup d’autres moyens d’influence. C’est cette constitution culturelle qui, dans le cours du temps, est sujette au changement et qui détermine, à un très haut degré, les rapports entre l’individu et la société. L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société. C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent eux-mêmes.

Si nous nous demandons comment la structure de la société et l’attitude culturelle de l’homme devraient être changées pour rendre la vie humaine aussi satisfaisante que possible, nous devons constamment tenir compte du fait qu’il y a certaines conditions que nous ne sommes pas capables de modifier. Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la nature biologique de l’homme n’est point, pour tous les buts pratiques, sujette au changement. De plus, les développements technologiques et démographiques de ces derniers siècles ont créé des conditions qui doivent continuer. Chez des populations relativement denses, qui possèdent les biens indispensables à leur existence, une extrême division du travail et une organisation de production très centralisée sont absolument nécessaires. Le temps, qui, vu de loin, paraît si idyllique, a pour toujours disparu où des individus ou des groupes relativement petits pouvaient se suffire complètement à eux-mêmes. On n’exagère pas beaucoup en disant que l’humanité constitue à présent une communauté planétaire de production et de consommation.

Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance de la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.

L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus.

Pour des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler " ouvriers " tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste. Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est " libre ", ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.

Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins Privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.

La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants: premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de " contrat de travail libre ". Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme " pur ".

La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une " armée " de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.

Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.

Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’un façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.

Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles : comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?

09 janvier 2007

Le SJÖ occupe le siège du PS autrichien!

Je lis à l'instant sur le Blog de Graham que nos camarades du SJÖ, les jeunes socialistes autrichiens ont occupé cette nuit le siège de leur parti. Une façon radicale de protester contre l'accord de gouvernement signé hier entre le SPÖ (les sociaux-démocrates) et l'ÖVP (les conservateurs).
Cet accord n'est pas seulement à des années lumières du gouvernement minoritaire que revendiquaient la SJ, il est également en porte à faux complet avec les promesses électorales du parti. Suivant les termes de celui-ci, il apparait que le minerval dans l'enseignement supérieur (récemment introduit par le gouvernement Schüssel) restera en place, qu'il n'y aura pas d'interruption du programme de réarmement - alors que l'Autriche, à ma connaissance, est toujours neutre - et qu'il n'y aura aucune avancée en ce qui concerne les droits des gays.
Pour résumer, Bettina Schwartzmeyer, la présidente de l'European Youth Forum, constate que "99 jours de négociations n'auront amené que le volontariat forcé"!
Avec cette occupation, les Jeunes Socialistes jouent non seulement leur rôle de force de progrès, ils accomplissent aussi le devoir moral de tout militant, à savoir contrôler efficacement les leaders du parti.
C'est pourquoi le MJS les assure de leur pleine solidarité.

06 janvier 2007

Dépot de candidature Ecosy

Puisque tout cela est maintenant très officiel :

To the Control Commission of ECOSY
Rue du Trône 98
1050 Bruxelles


Objet: Candidacy to the position of Vice-President of Ecosy


Dear Comrades,

As the letter here attached shows, MJS Belgium designated me as a candidate to the position of Vice-President of ECOSY.

Ever since I joined MJS, at the end of my studies – and even before, as a student activist – I have always been convinced of the necessity to profoundly change the structures of society to make it a properly inclusive and democratic one. And socialism appeared as the most pertinent way to lead to the social changes that were needed. At the same time, it struck me that such a will of change could not be limited to the mere national level. In our modern society, more than ever, workers do not have a fatherland! I am convinced of the importance of internationalism in this context.

This is the reason why I first joined in ECOSY activities, first as a grassroot activists at summer universities, seminars and so on, following the opportunities that the strong commitment of MJS to our common organisation provided, and then as a Bureau Member during the last mandate.

In the course of these last two years, ECOSY engaged in an important reformation process, as is shown by the modification of our statutes and especially by the revision of our position paper, and ran a efficient campaign in favour of a Social Europe, thanks to the work of the former presidium and especially of the Secretary General.

Up till now, the Young European Socialist has been successful in creating a common identity to our activists across Europe. This activist force must now be used to put Ecosy as the spearpoint of the social struggle, at the advant-garde of the PES. On such major issues for the future of a Social Europe as the defense of Public services, the minimum wage, the working time reduction, the tackling of an ageing society through the management of immigration and the integration thereof or the Policies of the Union towards the neighbouring countries, it is now time to forge our organisation as an efficient tool of political lobby towards the Union authorities.

This is the mandate for which the MJS, and myself, are putting forward my candidacy for the position of vice-President of ECOSY.

Brian BOOTH

04 janvier 2007

Pétition contre les armes à sous-munition.


Dear friends and comrades (oui, cette fois ci, c'est en anglais mais le lien est bilingue),
This picture might seem to be rather gory. It is, but it serves a purpose. This body is a victim of a cluster bomb's. 98% of people victim of this military device are civilians, as unexploded submunitions are just as dangerous as anti-personnel mines. Clsuter bombs are forbidden under Belgian law since may the 18th 2006. But such a ban in Belgium only does not make much sense: these weapons must be wiped out altogether.
This is the reason why PS Senator Philippe Mahoux launched this petition. Please take a minute of your time to sign it.
Thanks in advance!

La journée de la femme en avance?


Dans notre grande série "Est-ce que nos médias ne seraient pas un poil bourgeois et réacs par hasard?", Le Soir donnait l'impression de célébrer à sa manière la journée de la femme avec 3 mois d'avance.
Le prétexte, c'est la revalorisation du salaire parental par le gouvernement Merkel. Depuis le 1er janvier, en effet, celui des parents qui restera à la maison pour s'occuper des enfants aura droit pendant un an à 67% de son salaire net - ce n'est pas précisé par l'article mais je présume qu'on prévoit tout de même un maximum - plus une prime de 10% pour les enfants nés dans les 30 mois qui suivent. Et Christophe Bourdoiseau (le journaliste) de nous vendre la mesure comme une révolution dans la mentalité des chrétien-démocrates pour qui "la femme idéale a toujours été fidèle aux 3k: Kinder, Küche, Kirche". Ne réservant que quelques caractères aux critiques de l'opposition.
C'est bien joli mais, d'un point de vue féministe, c'est tout de même se moquer du monde.
Bien sur, la mesure en question est accessible aux deux parents. Mais on sait par ailleurs que dans ce genre de cas, c'est le parent dont le revenu est le plus faible qui renonce à une partie de son salaire pour s'occuper de la marmaille. Et je vous renvoie ici pour un bref rappel des différences salariales hommes/femmes.
Qui plus est, voila encore une mesure qui ne vient pas vraiment en aide aux ménages à faibles revenus - ce n'est de toute façon pas évident de nouer les deux bouts avec deux petits salaires. Par contre, les classes les plus aisées...
Bon, soyons clair, la mesure n'est pas ridicule mais elle me pose deux problèmes.
1) Elle part du principe que si la natalité baisse, c'est parceque les couples n'ont pas les moyens de faire des enfants. C'est souvent vrai. Mais c'est faire l'impasse un peu vite sur le fait que le manque de stabilité économique des ménages et la précarisation croissante n'est pas vraiment de nature à encourager à se reproduire. Dans une ambiance où on n'est jamais certain de conserver demain les ressources dont on dispose aujourd'hui, se lancer dans un projet familial n'est pas évident (un enfant, c'est 20 ans minimum - ma mère dirait toute une vie mais c'est un autre débat).
2) en terme d'égalité des genres, elle ne résout rien, comme je l'ai déjà dit. D'ailleurs, je crains qu'aussi longtemps qu'on continuera d'offrir des poupées aux petites filles et qu'on répètera aux petits garçons qu'un homme ça ne pleure pas - non, non, même si on perd 3-2 après avoir mené Chelsea 2-1 jusqu'à 10 minutes du terme - on ne risque pas de résoudre la question.
"Alors on reste assis sur sa chaise et on critique tout?" me demandera le lecteur attentif mais sceptique quant à mes sempiternelles plaintes contre le capitalisme triomphant.
Non, bien sur. Mais en attendant de convaincre chacun de nos concitoyens qu'il n'y pas de raison d'éduquer différemment un homme et une femme, on peut toujours commencer par conditionner l'accès à la mesure par une répartition égale du congé parental entre les 2 parents. Et investir massivement dans la création de crèches publiques.

03 janvier 2007

nettoyage hivernal

Tant que je suis à spammer ma propre page, je vous signale que j'ai fait un peu le ménage dans les liens à droite. Les blogs morts ou supposés tels sont supprimés et éventuellement remplacés par d'autres, certains sont "en sursis".

Dans la section un peu de tout, et pour couper court à toute question déplacée: oui, Phil est mon coloc et, oui, c'est bien dans notre salon qu'il y a un bordel pareil (heureusement, c'est une toute petite photo et il a une grosse tête). Je le fais sur une base régulière mais je vous recommande aussi la lecture en ligne de "A Voix Autre".
En fait, je vous en recommande surtout la lecture papier moyennant finance (à prix libre) mais la propagande révolutionnaire n'a pas de prix - donc lisez le en ligne et faites leur un virement à hauteur de l'info que vous en tirerez.

Mais qu'esse tu fais doudou, dis donc?

" Hé Braiou, tu nous délaisse, ça fait longtemps qu'on ne t'a plus lu! Dis-nous Brian, comment cela se fait-ce? comment ça se fait qu'on ne te lit plus?" (air connu).

Et vous vous en plaignez, malheureux? Au lieu de vous réjouir d'avoir échappé, en cette période de fêtes, à la cruelle révélation que le dernier type à avoir une vision d'avenir à gauche pour l'Europe, c'est Jacques Delors! Alors que vous auriez appris que Howard Dean ne me convaincrait pas d'échanger deux barils de mon ancienne poudre contre un bidon de Silan (t)! Que peut-être vous auriez été consternés de découvrir que, pour les sociaux-démocrates danois, ce qui compte ce n'est pas la qualité des positions du PSE mais bien de savoir quel compromis on va faire avec la droite sur leur base!
Bande d'ingrats, va!
Bon évidemment, on est aussi passé à coté d'une tranche de franche rigolade en revenant sur une interview de Joelle Milquet dans le Soir. On aurait pu appeler ça "Joelle ou le consuméro-électoralisme". Mais c'était une bien maigre consolation.
Allez, comme je ne suis pas rancunier, je vous souhaite tout de même à tous une excellente année 2007!