19 septembre 2006

Restons dans le vague


Il y a des semaines comme ça, on est presque content d'avoir perdu ses lunettes. Une actualité maussade est moins désagréable quand le monde entier paraît flou, flou, flou. Evidemment, quand la vue revient, le moment de faire le point n'est pas plus agréable.

Pourtant la semaine n'avait pas mal commencé: très bon bilan de l'activité de campagne (allez voir les photos sur le blog de Sigrid) et surtout Everton qui écrase Liverpool 3-0 dans un derby sur les rives du Mersey - que demander de plus?

Et puis, patatra! On apprend l'arrestation d'une douzaine de fascistes, dont un grand nombre de militaires, qui se voyaient mener une bonne vieille campagne de déstabilisation du pays à coup d'actions musclées. Vu leur arsenal (armes de guerres,...), on peut se dire que leurs actions n'auraient rien eu de folklorique.
J'étais un peu jeune dans les années quatre-vingts pour me souvenir exactement de ce que pouvaient être les années de plomb, par contre je me souviens relativement bien de l'ambiance. Et franchement, le fait de savoir qu'il existe encore des groupements d'extrême droite (sur le modèle Gladio et compagnie) susceptible de jouer les Bob Denaer dans notre petit royaume pépère n'a rien de rassurant. Dans ce genre de cas, on a beau se dire "plutôt Vienne que Berlin", on se sent un peu seul...
A noter en passant, les médias francophones se sont tous focalisés sur le fait que les "12 salopards" (je fais dans la référence cinématographique de haut vol) sont flamands. Je m'en voudrais de peiner les amis de Ségolène, mais je trouve qu'on aurait pu plutôt se poser des questions sur le fait que 10 sur 12 sont des militaires. Et que ce n'est pas la première fois qu'on démasque dans ce pays des maniaques galonnés qui se prennent, qui pour le général Alcazar, qui pour le général Tapioca. Je ne nie pas qu'il existe des militaires de gauche - la guerre civile espagnole, pour ne citer qu'un exemple romantique, l'a assez montré - mais on permettra tout de même de se demander dans quelle proportion...

Enfin rassurez-vous, citoyens, en fait l'armée, ce n'est pas du tout une institution pour cas un peu limites de types traumatisés par Chuck Norris dans leur prime jeunesse. En fait, c'est plutôt une sorte de grand rassemblement de nostalgiques du scoutisme. La preuve, la Belgique va servir de terrain de jeux à un espèce de Jamboree International: les grandes manoeuvres. 5000 traîneurs de sabre belges, français, allemands, autrichiens et autres vont transformer le pays en plateau de kriegspiel, depuis le débarquement à Knokke le Zoute jusqu'à la bataille de boule de neige sur le signal de Botrange, avec saut en parachute et couverture aérienne. Du grand spectacle. La construction européenne est en marche. Avis aux familles: on considère qu'un pourcent de perte est quelque chose d'acceptable dans ce genre d'évènements. Saluez le pourcent de ma part.

Dans un autre registre, on apprend un poil plus tard que notre ministre des finances, le très sérieux président du MR (vous vous souvenez, la droite néo-libérale?), s'est aperçu qu'il y avait eu comme une petite erreur de manipulation dans l'encodage des rentrées fiscales. Enfin, quand je dis qu'il s'en est aperçu, ce sont surtout quelques petits contribuables surpris de se voir réclamer plusieurs millions d'euros de contributions qui le lui ont mis sous le nez. Conclusion, il manque quelques 900 millions pour le maintien à l'équilibre du budget 2007. A neuf mois des législatives, ça n'est pas très présentable. Les uns râlent déjà sur l'administration - mais l'administration a bon dos. Pour ma part, je me demande quelles sont les mesures qui passeront à la trappe faute de financement pour garantir la sacro-sainte orthodoxie budgétaire. On peut déjà prendre les paris: je ne pense pas que les allègements fiscaux pour les classes aisées risquent trop gros.
Mais peut-être suis-je trop méfiant, finalement: il doit bien rester quelques bâtiments dans le coffret à bijoux de famille gouvernemental. On pourra toujours les vendre au tiers de leur valeur et les re-louer sitôt rénovés pour un montant de nature à garantir à l'heureux acheteur l'amortissement de son investissement en quatre ans.

Ca mériterait bien une petite réflexion sur l'impact des politiques menées -sans contrôle politique justement - par la Banque Centrale Européenne comme garante du pacte de stabilité sur les politiques budgétaires nationales. Ou au minimum sur la nécessité d'instaurer un contrôle de la direction de cet organe par les citoyens. Mais ne nous aventurons pas: on risquerait fort de se rendre compte que, contrairement à ce que disent certains, "le politique peut tout"...

Aujoud'hui, on apprend que les sociaux-démocrates scandinaves doivent concéder la victoire électorale aux conservateurs. Au moment où le Parlement Européen est sur le point de voter une résolution consacrée au modèle social européen, ça n'augure de rien de bon!

Et pour boucler la boucle, Everton a laissé filer deux points samedi en concédant le nul (2-2) à Wigan... Quand je vous dis qu'il y a des semaines sans...

07 septembre 2006

You never walk alone...



Les communales sont des élections importantissimes en Belgique. Notamment parce que les communes disposent d'une autonomie très importante par rapport à ce qui est le cas dans les pays voisins. Surtout parce que c'est le niveau de pouvoir le plus proche du citoyen et, partant le plus participatif. Celles du mois d'octobre revêtent une importance plus grande encore parce qu'elles auront valeur de test en vue des élections législatives qui devront se tenir au mois de juin prochain.
Dans deux pays européens, la campagne pour les législatives est déjà en route: en Autriche, nos camarades de la SJOE ont lancé leur campagne le 1er septembre autour du slogan "Ich wähl mein Leben zurück" (j'ai toujours été nul pour traduire les nuances avec les verbes à particule séparable, si ça vous tente...). Les principaux thèmes sur lesquels ils attaquent le gouvernement Schüssel: l'âge d'accès au droit de vote, les droits des étudiants, la réduction des pensions, la pauvreté des femmes et le chômage des jeunes. Vous pouvez suivre leurs actions et le développement de la campagne sur leur site (surprise, surprise: c'est en allemand). Le vote se tiendra le 1er octobre, tout juste une semaine avant nos élections à nous.
En Suède, la campagne vient de prendre un tour étonnant. Après un début, sinon difficile, à tout le moins un peu lent pour le parti social-démocrate, un véritable watergate à l'aquavit est en train de se faire jour. Les jeunes libéraux suedois ont été pincés pour avoir "cracké" le site des sociaux-démocrates et fait main basse sur des documents confidentiels internes. Ambiance et cotillons. Les infos en anglais ne sont pas légion, ce qui rend la lecture du Blog d'Eric Sundström d'autant plus intéressante. Et puisque je parle de ce blog, samedi prochain, c'est la première manche du derby Everton/Liverpool. Attendez-vous à ce que le rythme de publication d'Eric diminue après la pillule que les Toffees vont mettre aux Reds!

05 septembre 2006

Open your mind!


Etre socialiste, c'est évidemment être internationaliste. Je vous renvoie souvent à différents posts de nos camarades européens. Alors que l'ambiance est un peu tendue sur le front communautaire, j'ai plaisir à rappeler que les jeunes socialistes en Wallonie et à Bruxelles se sentirons toujours plus proche d'un autre jeune socialiste, quelle que soit sa langue, que d'un droitiste "bien de chez nous".
Depuis peu, Bram Boriau, le président d'Animo, a aussi son blog. A consommer sans modération!

Tsunami sur le Tagawa?


Depuis un peu plus de dix ans, l'hotel Tagawa, sur l'avenue Louise, est devenu un véritable symbole. Laissé à l'abandon par son propriétaire, l'ancien hotel a d'abord été squatté avant que les occupants ne s'associent au sein de l'ASBL "321 logements". Depuis trois ans et demi, l'ASBL vivait en bonne intelligence avec le propriétaire, chacun y trouvant son compte: le bâtiment était entretenu et son occupation le garantissait contre les dégradations, tandis que 55 personnes trouvaient à se loger dans un Bruxelles en crise du logement. Ajoutons que le propriétaire se soustrayait de la sorte aux taxes sur les immeubles inoccupés. Taxes que les autorités ont généralement les pires difficultés à percevoir, soit dit en passant.
Un "projet social d'occupation", un véritable exemple, une bonne pratique comme on aimerait en voir plus souvent. Sauf que...
Sauf que ce mardi, d'après Le Soir, la société propriétaire du bâtiment convoque l'ASBL en justice en vue d'obtenir son expulsion. Des projets pour l'immeuble? No se!
Sans préjuger de l'issue de l'action juridique, le fait montre toute la faiblesse des locataires dans le rapport de force qui les oppose aux propriétaires. Et le droit civil n'est pas vraiment de nature à limiter outre mesure le libre usage de la propriété privée. Encore une illustration de la difficulté d'implémenter le droit au logement garanti par la constitution.
On se prend à rêver d'une action publique permettant de suppléer au propriétaire cynique ou défaillant... Oh mais, je suis distrait tout de même: ça existe! On appelle ça le droit de gestion publique, qui donne le pouvoir aux autorités locales - entre autres - de prendre en charge les logements ne répondant pas aux normes du Code du Logement en vue de rénovation, ou encore les logements inoccupés, et ce pour une durée maximale de 9 ans.
Evidemment, des immeubles comme le Tagawa ne sont pas considérés comme des logements au sens du Code. Il me semble qu'il faudrait tout de même envisager de renforcer l'outil en l'élargissant à ce type de situation.
On pourrait aussi envisager, plutôt que de prendre à sa propre charge des rénovations coûteuses, que la puissance publique conclue des conventions du types "bail à rénovation" avec des ASBL comme "321 logements". Si l'action est entreprise assez rapidement, l'ASBL n'aurait pas nécessairement de travaux lourds à accomplir mais uniquement à garantir le maintien en l'état par une occupation "en bon père de famille". La situation pourrait être pérennisée par une pression de l'acteur public vers le propriétaire en vue de la réaffectation de l'immeuble pris en gestion et une clause de maintien dans les lieux pour une durée X de l'ASBL partenaire.
Fuite au prochain Lavabo (comme disait Jean-Luc Fonck). Ah oui: l'illustration vient du site du collectif Farm Prod.

04 septembre 2006

Sondage.


En période de campagne, des tas d'évenements improbables peuvent se produire sans crier gare. Par exemple, aujourd'hui - croyez-le si vous voulez - j'ai lu un article dans la Dernière Heure. Et pour pousser le vice jusqu'à son comble, je vais même vous donner un lien vers cet article. Non pas que ce journal ait fait des progrès fracassants mais il publie aujourd'hui un sondage IPSOS sur la situation politique à Ixelles. Sondage dont vous trouverez les résultats complets ici.
Les deux premiers éléments à garder à l'esprit à la lecture de ce sondage sont, d'une part, la marge d'erreur assez conséquente (5%), renforcée par un grand nombre d'indécis au premier abord (près de 20%) et, d'autre part, le fait que le sondage a été réalisé avant que la liste de l'ex-échevin écolo, ex-camarade de la section PS d'Ixelles, Brouhon ne soit publiée.
Cet avertissement fait, qu'est-ce que madame Soleil nous prédit pour le 8 octobre? En fait, une météo électorale relativement stable par rapport au scrutin de 2000:
MR toujours en tête mais en léger recul avec 35%
Ecolo pointe à 25%
Le PS clame 15%
et le cdH ferme la marche des partis démocratiques avec 8%, en progression de près de deux points.
Quels enseignements tirer de ces projections?
Tout d'abord, on doit constater que compte-tenu de la marge d'erreur, la majorité sortante, un olivier PS-Ecolo-cdH, reste en position d'être reconduite. Lors de la présentation de la liste et du programme à la presse, Willy Decourty a déclaré que la reconduction de cette majorité avait sa préférence. Il va sans dire que je suis dans le même état d'esprit: pas question pour moi que le PS accepte de retourner au pouvoir avec la droite! Le MJS se bat depuis assez longtemps en faveur d'un front des progressistes et je ne suis pas plus prêt de cautionner une alliance PS-MR au niveau communal qu'à n'importe quel autre niveau. On voit assez ce que ça donne au niveau fédéral. Et puis, franchement, 70 ans après le Front Populaire, bonjour le symbôle!
Quant à l'éventualité d'une coalition bleue-verte, les Libéraux l'ont exclue tandis qu'Ecolo a annoncé vouloir rempiler dans un Olivier.
Donc, au vu des chiffres, et en tenant compte de ce que le score d'Ecolo pourrait baisser sensiblement au profit de la liste indépendante "XL Citoyen", il me parait clair qu'il est temps de nous mesurer à nos véritables adversaires, les droitistes du MR. Le mois de campagne qui nous sépare du 8 octobre ne peut pas être perdu en vaines escarmouches contre nos partenaires de majorité! Cela est d'autant plus vrai qu'à la question "quel bourgmestre souhaitez vous voir à la tête de la commune pour la prochaine mandature?", Willy est au coude à coude avec Dominique Dufourny, la tête de file libérale. Tandis qu'une écrasante majorité d'ixellois (62%) n'a pas d'avis sur la question. A nous de les convaincre qu'ils auraient tort de s'en foutre éperduement.
Enfin, autres points inquiétants et peu commentés par les journalistes, les scores annoncés pour les "autres listes francophones" et les "listes Néerlandophones". Si ces dernières sont créditées d'un score statistiquement insignifiant - en dessous de la marge d'erreur, les premières reprennent du terrain perdu en 2000 et talonnent les démocrates-chrétiens. Or, qui sont les "autres listes francophones"? Allez, je vous donne indice: ils étaient au Conseil Communal jusqu'en 2000 et en avait été heureusement virés à l'issue des dernières élections. Plus facile: ils développent un discours de haine, raciste et xénophobe? Mais oui, ce sont bien les fachos du Front National. Quant aux "listes néerlandophones", il faut se souvenir que le SP-a fait liste commune avec le PS sur la "Liste du Bourgmestre". On peut donc se soucier de savoir ce qu'il reste dans l'échantillon de blokkers ixellois.
En montrant un front uni à gauche, ce n'est pas seulement à la droite classique qu'il s'agit de barrer la route. Il s'agit aussi de regagner la confiance des classes populaires que le PS et la gauche ont vocation à défendre. De montrer que le changement vient de l'union des forces de progrès et pas des réactionnaires démagos de la droite extrême, quelle que soit la langue dans laquelle ils parlent.